Dans ce dialogue en deux parties, je discute avec Sophie, une amie qui nous parle de son expérience du pèlerinage de Shikoku, qu’elle a effectué en 2017, à pied. Dans la deuxième partie de cet entretien, qui paraîtra un peu plus tard, elle nous parlera de son site internet Japonais de France.
TRANSCRIPTION
ITW – SOPHIE 1 – Sonix.mp3: Audio automatically transcribed by Sonix
ITW – SOPHIE 1 – Sonix.mp3: this mp3 audio file was automatically transcribed by Sonix with the best speech-to-text algorithms. This transcript may contain errors.
Pierre-Marie:
Bonjour à tous, c'est Pierre-Marie. Bienvenue dans un nouvel épisode de French by Ear – フランス語の聞き取り. Aujourd'hui, c'est un épisode spécial puisque c'est un dialogue avec Sophie, une amie que je connais depuis six ou sept ans maintenant et que j'ai connue grâce au Japon et en particulier grâce au pèlerinage de Shikoku.
Pendant cet entretien, Sophie va nous parler donc du pèlerinage de Shikoku qu'elle a fait en marchant en 2017 et aussi de son site internet "Japonais de France", sur lequel elle fait des portraits de japonais qui vivent en France.
Comme l'entretien est un peu long, je l'ai découpé en deux parties. On commence aujourd'hui avec la première partie sur le pèlerinage de Shikoku et la seconde partie "Japonais de France" sera diffusée un peu plus tard. Voilà, c'est parti pour l'entretien avec Sophie.
Pierre-Marie:
Bonjour Sophie.
Sophie:
Bonjour Pierre-Marie.
Pierre-Marie:
Ça va bien ?
Sophie:
Très bien, et toi ?
Pierre-Marie:
Ben écoute, ça va, je suis à Tokyo comme tu le sais. Et toi, tu es où maintenant?
Sophie:
Moi, je suis à Paris aujourd'hui.
Pierre-Marie:
Ok.
Sophie:
Une belle journée de printemps.
Pierre-Marie:
Ah ben ici c'est la même chose. Il fait très bon, il fait un peu, juste un peu de vent à peu frais. C'est parfait.
Sophie:
On a tous les arbres en fleurs. C'est pas Tokyo, mais c'est quand même pas mal.
Pierre-Marie:
Ah oui, c'est vrai, on a passé le 桜 là, mais il y a vraiment beaucoup de superbes fleurs en ce moment. Des… comment ça s'appelle en français ? Je sais jamais le nom des fleurs en français. "Rhododendrons" je crois, des roses, etc. Donc c'est vraiment aussi bien sûr une saison sympa. Alors je suis ravi de t'avoir sur mon podcast. D'abord parce qu'on se connaît depuis un moment maintenant et aussi parce que comme la plupart des gens qui m'écoutent sont des Japonais et des Japonaises, c'est bien sûr un pays que tu connais bien et j'avais envie qu'on parle de deux sujets particuliers ensemble. Mais avant ça, est-ce que tu peux brièvement te présenter ?
Sophie:
Ouh la la, c'est compliqué ! Heu… donc je m'appelle Sophie, j'ai plus de 50 ans, j'habite à Paris, en France. Actuellement, j'ai, on va dire, deux métiers. J'ai… Je suis consultante et coach. Donc j'accompagne des gens en entreprise qui se posent des questions et voilà, je les aide à clarifier leurs idées. Et puis j'ai une activité de, on va dire, auteure, photographe où là je mène des projets personnels sur plein de sujets et en général autour du Japon.
Pierre-Marie:
Oui, c'est d'ailleurs un des sujets dont on va parler tout à l'heure, c'est ton projet "Japonais de France". Mais avant ça, j'aimerais qu'on parle de ton expérience à Shikoku et j'aimerais bien savoir qu'est-ce que tu faisais à l'automne 2017 du côté de cette île au sud du Japon ?
Sophie:
Alors à l'automne 2017, effectivement, je suis partie toute seule à Shikoku pour faire le pèlerinage. Voilà, j'avais mis mon travail entre parenthèses et je suis partie, on va dire, pour me retrouver. Pour, heu, voilà. Et puis parce que j'aime marcher, j'aime le Japon. J'avais jamais eu l'idée de faire un pèlerinage, mais c'est en lisant le récit de voyage d'une Française, Marie-Edith Laval, que j'ai eu le coup de cœur et que j'ai su qu'il fallait que je parte à Shikoku marcher.
Pierre-Marie:
D'accord. Alors, est ce que tu peux expliquer dans les grandes lignes quel est ce pèlerinage ? Et peut être aussi comment est ce qu'il est différent du pèlerinage qu'on connaît bien en France, qui est le pèlerinage de Compostelle ?
Sophie:
Alors je n'ai pas fait Compostelle donc je peux pas facilement… Enfin je peux pas comparer. Le pèlerinage de Shikoku, donc le pèlerinage des 88 temples, c'est un pèlerinage qui est bouddhiste. On marche sur les traces d'un moine, Kukai, qui est très connu au Japon. Donc c'est un petit peu comme Compostelle. Et par contre, là, on fait quasiment le tour de l'île et on va dire que c'est une boucle sans fin, contrairement à Compostelle où on va d'un point A vers un point B. Et puis autre particularité, je pense de Shikoku, c'est la tradition de l'hospitalité du お接待, où en fait les habitants vraiment, prennent soin du へんろ, du pèlerin en lui faisant des petits cadeaux, en l'invitant à manger ou à dormir. Et je pense que ça, c'est très très japonais et c'est très très plaisant.
Pierre-Marie:
Oui, il y a une vraie tradition de l'accueil et c'est vrai que quand on fait ce pèlerinage, on reçoit souvent des petits gestes comme ça, soit des des petits cadeaux ou même des gens qui nous invitent à manger ou des choses comme ça, ça peut arriver. Alors c'est vrai que, en préparant ces questions, j'avais… un peu oublié cette histoire de boucle en fait. Et effectivement, le… Compostelle, c'est comme tu as dit, d'un point A à un point B, mais dans Shikoku on revient à son point de départ.
Sophie:
Et on peut tourner sans fin, toute sa vie. Comme certains le font.
Pierre-Marie:
Est-ce que tu as été tenté, toi, une fois que tu as fini de repartir pour un tour ?
Sophie:
Alors moi je suis revenue au temple numéro 1 puisqu'en fait c'est ce qui se fait. Sur le moment, non, je n'ai pas été tenté de repartir parce que j'étais quand même très très contente de l'avoir terminé. Et puis voilà, je m'étais fait un petit euh… comment dire… préparer un petit voyage touristique post-Shikoku pour profiter du Japon. Par contre, je sais que je reviendrai un jour refaire ce pèlerinage, ça c'est sûr.
Pierre-Marie:
Tu'aimerais bien le refaire une deuxième fois. Donc ça t'a pris combien de temps pour faire ce tour ?
Sophie:
Donc j'ai marché pendant 50 jours. Heu… il faut dire que cet… cet automne là, donc en 2017, il y a eu beaucoup de pluie et il y a eu des typhons assez tardivement. Donc j'ai eu la chance d'avoir dix jours de pluie consécutifs.
Pierre-Marie:
La chance ?
Sophie:
Et puis deux typhons ! Donc du coup ça fait que il y a des petits morceaux que j'ai pu… que j'ai fait en train ou en bus. Pour, voilà pour quand la montagne n'était pas praticable à cause de la pluie. Je faisais voilà des petits bouts comme ça, en bus et en train. Mais j'ai marché 50 jours quand même.
Pierre-Marie:
Oui parce que toi tu l'as fait à pied, mais heu… je crois… la majorité des personnes, et en particulier donc le Japonais qui font ce pèlerinage, le font en voiture ou alors en bus.
Sophie:
Petit groupes, tout à fait. Oui
Pierre-Marie:
Mais toi tu l'as fait à pied ?
Sophie:
Je l'ai fait à pied.
Pierre-Marie:
Alors est-ce que tu pourrais décrire quelle est la journée type sur le pèlerinage d'un pèlerin qui voyage à pied ?
Sophie:
Alors. Déjà, on se lève tôt et en général on est sur la route à 7 h du matin au plus tard. Si on dort dans les temples, il y a l'office à 6 h du matin, donc c'est bien d'y participer. Voilà, c'est une belle expérience. Et puis si on est en 民宿, donc chez l'habitant, en général, le petit déjeuner il est à 6 h et demie, 6 h, 6 h et demie. Donc à 7 h du matin, voilà, on est déjà dehors et on est parti pour sa journée. Après ça dépend de la condition physique. Moi je marchais à peu près 20-25 kilomètres par jour quand c'était plat. Donc, voilà, on a quand même le temps, le temps de marcher à son rythme et de profiter. Il y a des jours où on visite un temple, deux temples, trois temples et il y a quelques jours où on ne visite pas du tout de temples. Parce que voilà, il faut, il faut marcher. La distance entre deux temples est plutôt grande. Moi je faisais une petite pause vers 10 h 00, une pause banane ou une pause dans un petit 喫茶店 pour manger… voilà un petit モーニングセット… Avec mon accent japonais.
Pierre-Marie:
D'accord.
Sophie:
Je continue à marcher, à midi, pareil, un petit お握り ou je faisais un petit 弁当 dans un… dans un restaurant. Et puis il est conseillé d'arriver là où on dort avant 17 h. Si on est en 民宿, il faut vraiment arriver avant 17 h. Et même dans les hôtels, c'est quand même mieux d'arriver avant la tombée de la nuit. Quand on arrive, donc, on nous donne notre chambre. La première chose qu'on fait, c'est on met ses affaires pour faire le 洗濯, la lessive et puis on va au お風呂, prendre son bain pour… pour régénérer son corps. À 18 h, en général donc dans les temples et dans les 民宿, c'est l'heure du dîner. Et puis à 19 h, on a terminé, on rentre dans sa chambre et puis voilà, on fait ce qu'on a envie de faire et en général à à 20 h, 20 h 30, on dort parce que on est quand même fatigués.
Pierre-Marie:
Oui, on dort bien, on dort bien quand on a marché 20 ou 25 kilomètres.
Sophie:
Et que ça fait 50 jours qu'on marche…
Pierre-Marie:
En général, on a pas trop de difficultés à s'endormir le soir.
Sophie:
Tout à fait.
Pierre-Marie:
OK alors… Donc quand tu as fait ces 50 jours à pied, est-ce que parmi les autres pèlerins qui faisaient le même chemin… qui faisaient donc le même chemin que toi, est-ce qu'il y avait beaucoup d'étrangers ? Est-ce que c'était essentiellement des Japonais ?
Sophie:
Alors on va dire que, quand même, c'est beaucoup de Japonais, donc beaucoup de japonais en petit groupes, ou en voiture, effectivement. Il y avait quand même des Japonais marcheurs et puis j'ai pu sympathiser avec quelques uns et il y avait des étrangers aussi, un petit peu de tous les pays avec quand même pas mal de français. Alors ça reste relatif. J'ai peut-être croisé une quinzaine de français ou une vingtaine de français, pas plus. Voilà.
Pierre-Marie:
Ah ouais, mais c'est beaucoup quand même.
Sophie:
C'est beaucoup.
Pierre-Marie:
Pourquoi à ton avis, est-ce que ce pèlerinage de Shikoku, très loin de la France est aussi populaire auprès des Français ?
Sophie:
Alors je pense qu'il y a… Il y a le récit de voyage de Marie-Édith Laval qui a bien marché. Auparavant, il y avait un autre récit de voyage qu'avait qui avait été publié. Et puis en France, on a Compostelle, Compostelle qui est jumelée avec le 熊野古道, je crois. Et donc il y a des Japonais qui sont sur Compostelle et donc qui parlent de Shikoku aux gens qui font Compostelle. Et donc je pense que ça participe aussi à faire connaître ce pèlerinage. Et puis on a à Paris, à la Maison de la Culture du Japon, chaque année avant qu'il y ait le Covid, en fait, il y avait toujours en décembre une semaine où on parlait du pèlerinage de Shikoku avec une petite exposition. Il y avait une conférence. Voilà. Il y a aussi un effort de promotion du Japon pour faire connaître ce pèlerinage.
Pierre-Marie:
Ah d'accord, ok. Et toi aussi d'ailleurs, je crois que depuis que tu as terminé le pèlerinage, tu contribues à faire sa "publicité", entre guillemets en tout cas, pour employer un terme un peu plus sympa à être, une sorte d'ambassadrice de ce pèlerinage auprès d'autres Français, n'est-ce pas ?
Sophie:
Tout à fait. En fait, quand j'ai fait le pèlerinage, j'ai fait des photos parce que j'étais photographe amateur. et quand je suis revenu, mes amis m'ont poussée à publier mes photos. Et donc du coup, j'ai pu faire un livre qui est sorti en librairie. Et pour accompagner le livre, j'ai commencé à faire des conférences où j'expliquais le pèlerinage, comment ça se passait pour un pèlerin. J'avais fait un petit peu en physique et puis j'en fais beaucoup à distance en fait, via internet et j'en fais régulièrement. Des fois, j'invite d'autres pèlerins français que j'ai pu rencontrer par le biais de Facebook et puis voilà, on explique comment, comment ça se passe, notre expérience, on partage. Et même si maintenant ça fait cinq ans que je suis revenue de Shikoku, c'est toujours un grand plaisir de repartager avec des gens, de réexpliquer cette expérience quand même qui était une très belle expérience.
Pierre-Marie:
Oui, il y a… On a l'impression qu'il y a un peu cette ambiance d'anciens élèves comme dans les écoles mais…
Sophie:
Voilà.
Pierre-Marie:
Un groupe de personnes qui ont vécu cette même expérience, peut-être qui l'ont vécue de façon différente, mais qui partagent autour de ce voyage. Ok, super. Donc tu continues ça les conférences "meet-up" sur internet.
Sophie:
Alors je continue, J'en fais une ou deux par an quand je… quand j'ai l'occasion. Là par exemple, au mois de mars, j'ai fait pendant deux semaines, j'ai exposé mes photos dans la région de Toulouse avec une association franco-japonaise. Et puis donc à cette occasion, j'ai fait une petite conférence. Donc quand j'ai l'occasion, ben voilà, je le fais parce que c'est toujours un grand plaisir.
Pierre-Marie:
D'accord, je reviens simplement un tout petit peu en arrière dans notre discussion puisqu'on parlait des autres pèlerins. Et je voulais savoir quand tu es allée à Shikoku, est-ce que tu parlais japonais ? Enfin, quel était ton niveau de japonais et comment est-ce que tu as peut arriver à communiquer à ce moment-là avec non seulement les autres pèlerins, mais aussi les habitants de Shikoku, les personnes qui gèrent les hébergements ?
Sophie:
Alors moi je parle un tout petit peu japonais, mais on va dire vraiment pas beaucoup. En fait, tous les trois ou quatre ans, je prends une année de cours de japonais. Donc je suis une éternelle débutante. Mais voilà, avant de partir quand même, je me suis replongée pendant les six mois de préparation un peu dans le japonais pour… savoir dire les quelques phrases de politesse. Et puis dans le guide de voyage qu'on a en fait, il y a toutes les phrases magiques. Et avec ça, je me suis débrouillée pour la vie de tous les jours. Et puis voilà. Avec un sourire, avec des gestes, on arrive à se faire comprendre. Maintenant, c'est vrai que je n'ai pas pu avoir des grandes conversations avec les Japonais parce que, ben voilà, j'ai été limitée.
Pierre-Marie:
D'accord, il y a quand même toujours un niveau de communication qui passe par ce qu'on appelle dans les langues le non verbal aussi. Les sourires…
Sophie:
Tout à fait.
Pierre-Marie:
Les petits gestes, etc.
Sophie:
Partager un bout de mandarine ou un bout de gâteau avec un pèlerin. On n'a pas besoin de parler, on se comprend.
Pierre-Marie:
Oui, c'est vrai, oui. Et je me rappelle que j'avais aussi cette impression. J'étais un peu dans le même cas quand je l'ai fait et un peu avec le même niveau de japonais aussi, d'être sur la même longueur d'ondes que les autres pèlerins.
Sophie:
Tout à fait.
Pierre-Marie:
Tout le monde est sur la même longueur d'ondes. Il y a… Donc la communication, même si elle est relativement superficielle avec les mots, elle reste… elle est assez profonde quand même.
Sophie:
Oui, parce qu'on est ensemble sur le chemin.
Pierre-Marie:
Exactement.
Sophie:
Et donc on s'entraide et on prend soin l'un de l'autre.
Pierre-Marie:
Ok, très bien. Alors ton livre, il s'appelle "Le pèlerinage de Shikoku en images et en mots", c'est ça?
Sophie:
Tout à fait.
Pierre-Marie:
Est-ce qu'on le trouve ici au Japon ? Tu sais, s'il est vendu au Japon ?
Sophie:
J'aimerais bien, mais je crois pas en fait, je… Je ne sais pas si.. Il y a une librairie française à Tokyo ? Je ne sais pas si elle existe encore d'ailleurs.
Pierre-Marie:
Je… je sais qu'il y en a une qui a fermé il n'y a pas longtemps je crois, à cause du Corona notamment. Je ne sais pas s'il y a encore une grosse librairie française, je ne suis pas sûr.
Sophie:
Mais je rêverais, ça serait… puis j'aimerais bien qu'on le trouve aussi dans les quelques temples qui vendent des livres à Shikoku, et ça serait vraiment pour moi un grand honneur.
Pierre-Marie:
Ah oui, c'est vrai, oui.
Sophie:
La prochaine fois que j'y vais, j'amène mon livre.
Pierre-Marie:
Tu viens avec une caisse ?
Sophie:
Je viens avec le livre. Ouais.
Pierre-Marie:
Donc c'est… le pèlerinage "en images". Donc tu as expliqué que tu étais photographe amateur. Et "en mots" aussi. Donc la partie "mots" qu'est-ce que tu as travaillé ? Parce que c'est pas un récit de voyage, ce que tu as fait.
Sophie:
Non, c'est pas un récit en fait, c'est… Il y a des petits textes très courts qui correspondent à chacune des quatre étapes en fait, on va dire, du voyage intérieur du pèlerin qui traduisent un petit peu dans quel état d'esprit j'étais à ce moment-là. Et puis j'ai écrit des 俳句 !
Pierre-Marie:
Tu t'es mise aux 俳句 ?
Sophie:
Je me suis mise aux 俳句 en marchant. Voilà, il y a des 俳句 qui sont venus. Et puis après, je suis allé en chercher d'autres dans les annales japonaises. Mais je me suis mise à écrire des 俳句. Oui, tout à fait.
Pierre-Marie:
Ah, donc tu les écrivais à ce moment-là, quand tu étais sur le pèlerinage ou tu les as écrits après ? En fonction des photos peut-être.
Sophie:
Alors j'ai fait les deux. Il y en a que j'ai écrit pendant le pèlerinage et y'en a que j'ai écrit après en fonction des photos.
Pierre-Marie:
D'accord, Ok, super. Très bien, donc ça c'est le résultat, on va dire, visible, matériel de ton pèlerinage, quelque part, ce livre et ce témoignage, est-ce que… quel est le résultat invisible, on va dire, comment est-ce que cette expérience t'a changée ?
Sophie:
Alors en fait… Quand je suis partie et je pense que beaucoup de gens ont cette idée en tête, j'avais un peu l'impression que ça serait un pèlerinage "baguette magique" que, une fois que je l'aurais terminé, waouh, pouf, ma vie serait transformée ! C'est pas du tout le cas. Quand je suis rentrée, j'ai repris, on va dire, le fil de ma vie. Mais il y a des choses qui se sont mises en place petit à petit. Et là, j'ai compris le titre du récit de Marie-Édith Laval, qui est "Comme une feuille de thé à Shikoku". Parce que j'ai l'impression que ça a infusé tranquillement dans le temps et que les choses ont changé. J'ai quitté mon travail, c'était déjà un petit peu dans l'air du temps, mais voilà, ça s'est concrétisé. J'ai publié ce livre, qui n'était pas du tout attendu. Et du coup j'ai fait une école de photographie parce que j'en avais envie et j'avais le temps. Donc je me suis… J'ai démarré un nouveau travail où maintenant je travaille pour mon compte. Et puis je fais des projets photo autour du Japon parce que… c'est une envie qui a émergé au fil du temps et que j'ai décidé de suivre mes envies. Donc voilà, ça, ce que ça a changé. Après, je pense que j'ai peut-être un rapport aux choses matérielles un petit peu plus détaché. Même si très vite on reprend la consommation de tout un tas de choses inutiles. Mais je sais que si demain je suis en difficulté, je peux vivre de pas grand chose. Et ça c'est un poids en moins, je pense dans la vie. Alors je ne suis pas minimaliste, mais je sais que…
Pierre-Marie:
Si nécessaire…
Sophie:
Si nécessaire, je peux le devenir. Voilà, voilà.
Pierre-Marie:
Oui, c'est vrai, parce que sur le chemin, on a notre petite maison sur le dos, il n'y a pas grand chose, il y a un sac à dos.
Sophie:
Et il faut pas trop la charger, la maison.
Pierre-Marie:
Il ne faut pas trop la charger la maison, exactement. Sinon les 25 kilomètres sont de plus en plus difficiles.
Sophie:
Voilà. Tout à fait.
Pierre-Marie:
Ok, super ! Est-ce que tu veux rajouter quelque chose sur le pèlerinage ?
Sophie:
Non. Moi je recommande de le faire parce que c'est une très belle expérience en fait de lâcher prise si on y arrive, et de se dire que quand on est sur un chemin comme ça, quand on se lève le matin, le seul objectif qu'on a dans la journée c'est d'arriver à bon port le soir. Et puis après on est juste dans l'instant présent à… à vivre et à être ce qui est là, donc à s'émerveiller de la nature, des papillons, des oiseaux, des rencontres qu'on fait. On est en vigilance quand même, parce que des fois il y a des serpents, il peut y avoir des sangliers. Mais voilà, on est vraiment dans… dans la vie et le présent. Et ça je pense que c'est quelque chose qui n'a pas de valeur. Et pour vivre ça, vraiment, je le recommande.
Pierre-Marie:
Voilà, c'est la fin de la première partie de mon interview avec Sophie. Vous pouvez retrouver la transcription de cette interview en accès gratuit sur mon site internet French by ia. Comme. Et sur ce, je vous dis à bientôt また次回.
Sonix is the world’s most advanced automated transcription, translation, and subtitling platform. Fast, accurate, and affordable.
Automatically convert your mp3 files to text (txt file), Microsoft Word (docx file), and SubRip Subtitle (srt file) in minutes.
Sonix has many features that you’d love including advanced search, upload many different filetypes, secure transcription and file storage, automated translation, and easily transcribe your Zoom meetings. Try Sonix for free today.
NOTES
- Le site internet de Sophie www.sophielavaur-photo.com
- Le site Japonais de France
Photo : Marine Lécroart