Photographie nature : patience et passion

Installé au Japon depuis 18 ans, Michel est un passionné de nature et de photographie. Plusieurs fois par an, il part seul à Hokkaido et pendant quinze jours il vit et dort dans les bois à la recherche de la photo idéale : cerfs, ours, tanukis, écureuils volants, etc.

Dans cet entretien, il nous parle de sa passion. Et nous explique aussi comment il a failli ramener une petite famille de tanukis à la maison.

TRANSCRIPTION

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Pierre-Marie:
Bonjour à tous, c'est Pierre-Marie, French by Ear – フランス語の聞き取り. Bienvenue dans mon podcast pour un nouvel entretien, aujourd'hui. J'ai parlé avec Michel, un Français qui est installé au Japon depuis 18 ans. Michel est un passionné de nature et de photographie. Plusieurs fois par an, il va à Hokkaido. Il reste une quinzaine de jours à Hokkaido en vivant totalement dans la nature, en dormant dans les bois pour prendre LA photo idéale. Des photos d'animaux, donc, des ours par exemple, des cerfs, des renards ou des tanukis… Il nous raconte tout ça dans cet entretien où on va parler aussi de choses étonnantes comme des écureuils volants ou des cerfs qui chantent comme des baleines. Michel va aussi nous expliquer pourquoi il a failli ramener à la maison une petite famille de tanukis ! La meilleure façon d'écouter ce podcast aujourd'hui, c'est de l'écouter en regardant les photos de Michel. Donc, vous faites dans Google une recherche en tapant "Yosmono Photography" avec un y, "photography" à l'anglaise. Et vous allez trouver son site internet ou son Instagram. Donc comme ça, vous pouvez écouter cette interview tout en regardant ces magnifiques photographies. J'ai aussi préparé, si vous le souhaitez, une transcription de cet entretien que vous trouverez sur mon site internet frenchbyear.com. Allez, on écoute maintenant l'interview.

Pierre-Marie:
Bonjour Michel…

Michel:
Bonjour.

Pierre-Marie:
… et merci d'avoir accepté mon invitation pour parler dans mon podcast.

Michel:
Avec plaisir.

Pierre-Marie:
Alors l'idée aujourd'hui, c'est surtout de parler de ton activité de photographe nature. Mais avant ça, est-ce que tu peux nous donner quelques repères sur ton histoire personnelle ? Tu viens de de quelle région en France ? Tu habites au Japon depuis combien de temps ?

Michel:
En fait, ça fait tellement longtemps que je suis au Japon que je ne pense même plus à combien de temps ça doit faire. Ça fait 18 ans. Ça fait bientôt une vingtaine d'années que je suis au Japon en fait. Je suis venu quand j'étais…quand j'avais quasiment la moitié de mon âge en fait.

Pierre-Marie:
D'accord. Ça nous donne un autre repère.

Michel:
Voilà. Je sais vraiment pas par où commencer tellement ça fait vraiment longtemps. Mais j'ai de moins en moins de souvenirs de de la France puisque je rentre plus si souvent que ça en fait.

Pierre-Marie:
D'accord. À l'origine, tu es de quelle région en France?

Michel:
À l'origine, je suis donc du nord de la France, la Picardie. Je viens d'un petit village près du bord de la mer. Mais sinon, j'étais plus souvent dans les montagnes que… Mon truc, c'est plutôt les montagnes que la mer. Mais voilà, je viens d'un village du nord de la France, près de la mer.

Pierre-Marie:
D'accord, donc les montagnes c'était les vacances en famille peut être ou…

Michel:
Voilà, c'est ça.

Pierre-Marie:
Dans les Alpes ou les Pyrénées ?

Michel:
Plutôt dans les Alpes, quelques fois dans les Pyrénées, mais surtout dans les Alpes.

Pierre-Marie:
D'accord. Et donc, il y a 18 ans, tu es venu au Japon et tu habites plutôt dans dans l'agglomération de Tokyo, j'imagine ?

Michel:
Oh là là ! Alors il y a 18 ans, oui, donc j'étais comment dire, c'est un peu, un peu comment… un peu "honteux" de dire ça, mais c'est suite à une rupture amoureuse en fait, j'avais envie de changer. J'avais envie de partir à l'aventure et de me prouver que j'étais capable de faire… de surmonter des obstacles et… J'ai toujours aimé un peu le côté un peu la nature du Japon et les religions qui se mélangent à la nature du Japon. Enfin, je pense au shintoïsme en fait, même si c'est peut-être un peu plus compliqué que ça. Mais les temples perdus dans la nature, la calligraphie japonaise à la base, tout ça, ça me plaisait beaucoup et c'est pour ça que j'ai décidé de venir voir comment ça se passait au Japon et d'apprendre la langue.

Pierre-Marie:
D'accord.

Michel:
Donc j'ai été deux ans dans une école de langues et ensuite… Donc à cette époque, j'habitais du côté de Nerima, il me semble. Oui, j'habitais du côté de Nerima pendant deux ans, puis après l'école, ça se passait plutôt bien. J'ai réussi à avoir mon… on appelle ça le JLPT. J'ai réussi à avoir le JLPT niveau 2, j'étais même presque proche d'avoir le 1. Et du coup j'ai décidé de continuer. J'avais pas été à l'université en France et du coup je me suis dit pourquoi pas essayer de faire l'université au Japon.

Pierre-Marie:
Whaou…

Michel:
Et voilà. Donc j'ai fait mes examens d'entrée en université et puis j'ai été pris du côté de Hachiôji du coup. Et là je suis resté donc quatre ans puisque j'étais comme un étudiant normal. J'étais dans une classe avec des Japonais, je suivais les… tout était en japonais. Enfin là, j'avais déjà… C'était déjà… Tout était déjà à la japonaise. Et après ça. Donc j'ai travaillé. J'ai dû trouver un travail. J'ai décidé de rester au Japon. J'ai trouvé un travail et j'y suis resté. Je suis resté combien de temps ? Quatre ou cinq ans à ce travail ? Puis… c'était dans une école de langues. En fait, j'étais manager dans une école de langues. Et puis après ça, j'ai décidé un peu de… d'essayer de trouver un travail qui me permette de concilier un peu plus de temps pour moi pour ce que j'ai envie de faire, notamment la photo en fait. J'étais déjà passionné de photo à l'époque. C'est mon frère qui m'a mis dedans. Il m'a… À la base, j'aimais bien regarder tout ce qui était revue "nature" et… comme National Geographic. Et puis à ma "graduation" d'université, mon frère m'a offert un appareil photo, un reflex et puis c'est ce qui m'a mis le pied à l'étrier. C'est une belle expression..

Pierre-Marie:
Ouais, d'accord. Donc en fait, au départ, c'était plus… Enfin, à la base, depuis ton enfance, tu avais cette passion pour la nature. Et la passion pour la photo est venue…

Michel:
Elle est venue après donc. Oui, oui. Donc c'est vrai que quand j'étais petit, je dormais souvent dans les forêts. J'aimais bien les animaux, je sais que j'étais souvent dans les bois. Je passais des étés à dormir dans les bois, à monter une tente et ça depuis, depuis très jeune, depuis euh depuis dix ans, un truc comme ça. D'accord, j'avais dix ans, je partais déjà dans les forêts en fait. Donc ouais, ça c'est un truc qui m'a toujours, qui m'a toujours attiré.

Pierre-Marie:
Alors c'est vrai que quand on regarde ton Instagram de photographe professionnel, donc c'est sous le nom Yosomono Photography. On voit que des photos de nature. Il n'y a pas du tout de photos de Tokyo, de photos de de la ville.

Michel:
C'est vrai que c'est… C'est assez rare. J'en fait de temps en temps, mais c'est pas ce qui m'attire le plus. Mais il faut toujours qu'il y ait un rapport à la nature. Par exemple, en ce moment il y a des orages. Je connais un endroit assez bien situé où on a un peu toute la vue de la ville de Tokyo en fait, avec le mont Fuji en plus en arrière plan. Et un de ces jours, j'aimerais bien quand même aller faire des photos de la ville de Tokyo la nuit, quand il y a un orage qui frappe la ville.

Pierre-Marie:
D'accord.

Michel:
Mais c'est quelque chose que j'ai encore jamais, jamais réussi à faire logistiquement, puisqu'à chaque fois que l'orage se déclare, je suis sur autre chose.

D'accord. Alors tu as aujourd'hui un métier qui te permet d'avoir du temps libre pour ton activité de de photographe.

Michel:
Donc en fait depuis depuis cinq six ans, je suis… je travaille dans un dans une école en fait. Et je suis préparateur laborantin. Je travaille dans un laboratoire de chimie et de biologie. Et c'est… Ça correspond aux études que j'avais faites en France avant de venir au Japon. Donc j'ai eu de la chance de ce côté-là. J'aurais jamais cru que ça puisse… qu'un diplôme de laborantin puisse me servir au Japon. Mais donc c'est ce que je fais. Et donc j'ai à peu près, au total par an, quatre mois de congés payés pour pouvoir me permettre de partir la plupart du temps à Hokkaido pour aller faire des photos en fait.

Pierre-Marie:
D'accord. Alors quatre mois de congés payés, c'est déjà un luxe en France. Mais alors au Japon, c'est…

Michel:
Oui, c'est… Je suis bien conscient de la chance que j'ai et je sais que jamais je pourrais trouver un meilleur travail que celui que j'ai maintenant.

Pierre-Marie:
C'est du super luxe ! D'accord. Donc c'est bien parce que ça te permet de partir en expédition photo. Est ce que tu peux nous expliquer concrètement comment tu prépares ces expéditions ? Combien de fois tu pars dans l'année ? Combien de jours ça dure ?

Michel:
En général, j'essaie… avant d'avoir mon fils parce que j'ai eu un fils il y a quelques années. Depuis je pars un peu moins souvent, mais dans l'idéal je partais à chaque saison. En fait, je partais deux semaines au printemps, deux semaines en automne, un mois, un mois et demi en été et puis un mois en hiver.

Pierre-Marie:
Et tu partais tout seul en général ?

Michel:
Je partais tout seul. Je pars toujours tout seul. Des fois, il y a des gens qui me demandent que je les guide et que je les emmène à travers Hokkaido. Mais ça, je ne le fais plus en fait. Maintenant, je pars vraiment tout seul. Puis de toute façon, en fait, quand je suis à Hokkaido, je dors la plupart du temps dehors en fait dans un hamac même l'hiver. Donc il n'y a pas beaucoup de personnes qui peuvent faire ça. Et voilà, en général… Donc j'ai commencé la première fois que tu es là, c'était il y a dix ans, ça m'avait vraiment marqué et à force d'y aller, à force d'y aller tous les ans en voiture, on commence à connaître plein de coins. Et puis il y a des endroits où à force de pister les animaux, je commence à savoir les pister. Et il y a pas mal d'endroits où j'ai des terriers de renards. J'ai des trous, il y a des chouettes. Et puis quand je suis dans le Kanto les weekends, j'ai un terrier, une famille de tanukis à observer aussi.

Pierre-Marie:
D'accord, vous prenez rendez-vous non avec les tanukis ou…?

Michel:
Les tanukis commencent à bien me connaitre parce que c'est vrai que j'y vais vraiment souvent et du coup ils ont plus trop peur de moi et je fais un peu partie du paysage là-bas. Et pour Hokkaido, c'est un peu plus difficile puisque je n'y vais pas assez souvent pour que les animaux puissent se souvenir de moi. Mais en général, il y a vraiment beaucoup d'animaux à Hokkaido et ils sont assez… Ils ont l'habitude de voir des hommes qui sont un peu moins craintifs que les animaux de Tokyo et du coup, ils sont aussi assez faciles à observer quand on ne cherche pas à observer des choses trop rares.

Pierre-Marie:
D'accord. Donc quand tu pars, tu vas partir quinze jours par exemple. Donc pendant quinze jours, tu bivouaques, c'est-à-dire que tu dors à l'extérieur ?

Michel:
Voilà. Donc je prends ma voiture, je mets, je mets mon mon hamac, mon duvet, je mets des habits, mon sac photo et je prends le bateau à Warai. Et ensuite, il me dépose à Tomakomai. Et ensuite à partir de Tomakomai. Je pars du côté du côté de l'est de Hokkaido. Il y a dix heures de voiture. Et en général, j'y reste. Je suis souvent du côté de Nemuro en fait, j'aime bien. J'aime bien ce coin-là.

Pierre-Marie:
Pourquoi ce coin-là en particulier ? Qu'est-ce qu'il a d'intéressant ?

Michel:
J'aime beaucoup… il y a une forêt que j'aime beaucoup à Nemuro en fait. Elle est recouverte de mousse en fait. C'est vraiment un tapis de mousse partout et elle est vraiment magnifique. Il y a plein de petites forêts comme ça qui sont recouvertes de mousse et, ouais là-bas, les forêts sont souvent magnifiques. Il y a un peu de tout. On peut voir, on peut voir des tanukis. On peut voir des renards. On peut voir… Si on a de la chance, on peut voir des hermines. On peut voir des ours aussi. Des cerfs. Il y en a un peu partout. Donc les cerfs, forcément, on peut en voir aussi. Et il y a plein de choses à voir en fait, dans un cadre qui est parfois quand même assez idyllique. Il y a souvent de la brume, il y a souvent, enfin, vraiment, c'est assez joli là-bas. Bon, peut-être un peu moins l'hiver par rapport aux autres endroits, parce que l'hiver il y a quand même moins de neige qui tombe là-bas que sur le reste de l'île. Mais voilà, ça reste un un coin très joli.

Pierre-Marie:
Donc tu peux aller au même endroit à plusieurs saisons différentes et tu vas forcément avoir des paysages différents, des animaux différents aussi ?

Michel:
En général, quand mes photos et ce que j'ai en tête, ça a été réussi, j'essaye de ne pas perdre de temps à explorer d'autres endroits parce que… explorer des endroits qui valent le coup, ça prend vraiment beaucoup de temps et c'est pas toujours rentable. C'est plus souvent une perte de temps en fait. Et là, comme je commence à avoir vraiment plein d'endroits où je vois toujours des trucs qui sont intéressants, bah en fait je prends la voiture et je tourne. En fait, je fais une boucle et je m'arrête à tous les endroits que je connais pour voir à cet instant T si c'est intéressant ou pas en fait. Et quand on fait ça deux semaines, ça passe très vite. Surtout quand on perd du temps à devoir monter un camp le soir et le démonter le lendemain.

Pierre-Marie:
D'accord. Et sur une expédition comme ça de quinze jours, tu ramènes combien de photos ?

Michel:
Au début, j'en ramenais vraiment beaucoup. Et puis je suis devenu de plus en plus difficile. Donc au début, je revenais, j'avais peut être 2 000 photos dans le boitier à trier. Et puis maintenant, quand je reviens au bout de deux semaines si j'en ai, je sais pas, 300 ou 400, je suis content.

Pierre-Marie:
Ah ouais, d'accord.

Michel:
Et dans les 3-400, je vais en garder maximum une centaine peut-être une fois que j'aurai fini de tout trier en fait.

Pierre-Marie:
Donc ça, c'est l'expérience en fait, finalement ?

Michel:
Je pense qu'on peut dire ça, oui. Après, il y a aussi… Il y a certains moments et instants qui sont rares et que j'essaye de capturer. Et du coup quand on essaie de les capturer, on passe plus de temps sur ça et forcément on prend moins de photos. Par exemple, les hivers, au lieu de courir après des photos qui sont un peu faciles, par exemple partir en croisière voir des pygargues ou alors partir un peu dans les coins touristiques. Je préfère essayer de faire des photos d'écureuils volants, en fait ! En ce moment les hivers, il faut toujours que j'essaye de passer… Il faut toujours que je reparte avec au moins une ou deux photos d'écureuil en vol en fait. Et, en général, ça me prend peut-être pour avoir une photo d'écureuil en vol qui soit nette et qui soit bien… en général, ça me prend une semaine ! Il me faut au moins une semaine pour avoir une ou deux photos.

Pierre-Marie:
Ah ouais d'accord.

Michel:
Donc là déjà… Bon, les écureuils volants volent qu'à certaines heures, donc à d'autres heures de la journée, j'ai le temps de d'essayer de faire d'autres photos. Mais en général, quand je suis focalisé sur sur ce type de photos, je perds beaucoup de temps. Il y a aussi quelques années, j'essayais d'avoir des photos de cerfs avec le soleil qui se lève ou qui se couche, et d'essayer de faire en sorte que le soleil soit entre ces bois en fait. Ça aussi c'est quelque chose sur lequel j'ai passé pas mal de temps en fait. Et puis depuis quelques temps, je le fais avec la lune aussi. J'essaye de le faire avec la lune. Voilà pourquoi je reviens avec moins de photos qu'avant en fait. Parce qu'avant, j'y allais vraiment, je me baladais, j'avais l'appareil photo et tout ce qui bougeait, j'essayais de faire des belles photos et. Et voilà. Alors que là, j'y vais maintenant avec une idée et j'essaye d'accomplir l'idée que j'ai en tête en fait.

Pierre-Marie:
D'accord, t'as une sorte de photo idéale en tête pour chaque animal et peut-être chaque saison et l'objectif est d'arriver à faire cette photo en fait.

Michel:
Ouais, voilà, c'est ça. En fait, j'ai j'ai… J'y vais avec avec vraiment un but, une idée en tête en fait. Alors qu'avant j'y allais et je prenais ce qui se présentait à moi en fait.

Pierre-Marie:
Alors personnellement, moi je ne fais pas de photos et bon, j'aime bien la nature, mais peut-être pas à ce point-là. Je me dis que dans une activité comme ça, il doit y avoir beaucoup de temps morts en fait, de temps juste à attendre, et au contraire des moments très brefs où il y a tout d'un coup beaucoup d'excitation parce que, justement, peut-être tu es à deux doigts de faire la photo idéale. Comment est-ce que tu gères ces différents temps ? Le temps d'attente et puis le temps d'action où il faut être, je suppose, très réactif.

Michel:
C'est plutôt bien résumé. C'est en général donc les moments d'attente, j'en profite pour me reposer, m'appuyer contre un arbre et puis écouter les oiseaux qui chantent. Ou alors… En tout cas je sais que je me repose puisque mon travail quand même, il est assez prenant. On a beaucoup de vacances mais quand on travaille mais aussi beaucoup de travail à faire donc. Donc quand j'y suis, j'en profite pour me reposer et me dire que, voilà, que je me repose aussi. Et puis ensuite quand vient un animal ou que je suis à deux doigts de faire la photo que je veux, là je suis vraiment très concentré sur la photo et il y a que ça qui compte ! Parce que ça, ça arrive aussi que je rate. L'animal, ne part pas, ne se déplace pas comme j'aurais souhaité qu'il se déplace. Ou alors il y a quelque chose qui fait que l'autofocus, il n'arrive pas à suivre ou ce genre de ce genre de détails en fait.

Pierre-Marie:
D'accord. Selon toi, quelles sont les qualités importantes pour cette cette activité ou ce travail de photographe nature ?

Michel:
Moi je dirais qu'il en faut simplement deux. Il faut de la patience, forcément, mais il faut aussi de la passion. Sans passion, je ne pense pas que ça puisse être… je pense pas qu'on puisse endurer facilement, donc, les temps d'attente dans le froid ou les longues journées vraiment à attendre et sans avoir pris une seule photo en fait, ça arrive aussi que je parte… Surtout que quand je vais à Hokkaido quand même, c'est pas quelque chose d'anodin ça, ça coûte quand même beaucoup d'argent d'aller là-bas et de rester là-bas deux semaines. Donc, il faut vraiment être passionné pour accepter ça en fait.

Pierre-Marie:
Donc patience et passion.

Michel:
Patience et passion. Après, en fait, tout, à partir du moment où on aime ce qu'on fait et on prend le temps de bien faire les choses, je pense que les résultats commencent à suivre. Et après, quand on commence à avoir des photos qui nous intéressent, voire même des photos qui plaisent aux gens, et bien c'est assez valorisant et c'est ce qui motive aussi à continuer à essayer de faire des photos encore mieux.

Pierre-Marie:
Est-ce que… Tout à l'heure, au début, tu as dit que les tanukis te reconnaissaient presque, enfin, il y avait une sorte de familiarité avec toi, puisque tu reviens souvent dans les mêmes endroits. Comment est-ce que tu arrives à gagner un peu la confiance des animaux finalement ?

Michel:
Ben simplement en les regardant sans rien faire en fait. Au bout d'un moment, ils voient que je suis tout le temps là et que je m'intéresse… Quand je suis avec mon appareil photo et que je leur cours un peu après, ils doivent se dire quand même… ils doivent se demander au début ce que ce que je leur veux. Et puis au bout d'un moment, je pense qu'ils finissent par comprendre que je leur veux aucun mal. Et puis et puis voilà. Les tanukis en fait, je les suis depuis depuis trois ans et chaque année en fait quand ils ont des petits, je vois les petits naître en fait. Et il y a deux ans, il y avait eu un typhon. En fait, toute la portée avait été emportée par le typhon et la mère, elle avait réussi à sauver que deux petits en fait. Et j'avais hésité même carrément à les prendre, les petits. Parce que, en fait, l'endroit où ils étaient, c'était complètement submergé en fait. Et pendant pendant une semaine en fait, c'était un endroit un peu avec… Ça ressemblais pas une forêt, mais pour pouvoir y aller, il y avait un mètre d'eau et j'étais dans la forêt avec mon avec mon kayak en fait.

Pierre-Marie:
Ah oui, d'accord.

Michel:
Donc, ouais, j'avais vraiment hésité à embarquer les petits. Et puis je sais pas… Enfin heureusement, je ne l'ai pas fait ! Donc mon épouse, elle n'aurait pas été contente…

Pierre-Marie:
Ouais, c'est ça. Si tu ramènes deux tanukis à la maison, peut-être que ta femme.. c'est pas génial quoi !

Michel:
Mais donc voilà, ils me voient. Je pense que c'est parce qu'ils me voient vraiment souvent et que maintenant bon bah ils ont plus trop peur de moi.

Pierre-Marie:
Et est-ce que à l'inverse, toi tu as pu avoir des situations où tu as eu peur d'animaux ? Je pense aux ours évidemment.

Michel:
Humm… Les animaux… Ça m'est arrivé deux fois d'avoir des sursauts on va dire. Une fois en forêt, je prenais une photo d'un beau champignon, une amanite tue-mouche je pense. Je sais pas s'il y en a au Japon, mais ça ressemblait vraiment à ça : un champignon rouge avec des pois blancs dessus et… Et donc je la prenais avec l'angle le plus bas possible et en me retournant dans tous les sens parce que des fois j'aimais pas l'arrière-plan où j'étais un peu… J'avais rien d'autre à faire, donc je prenais vraiment le temps et j'étais allongé par terre avec mon appareil photo et je prenais une photo. Puis en me relevant en fait après avoir fini la photo j'y ai passé peut-être cinq minutes, peut-être même dix, en me retournant, en fait, j'ai vu qu'il y avait un ours qui me regardait en fait, et il ne bougeait pas ! Et là ça m'a vraiment, ça m'a fait comme un pic au cœur et et je me suis demandé ce qu'il me voulait en fait. Parce que normalement les ours on les entend arriver ou alors j'étais trop concentré sur mon champignon. Et au final en fait, donc j'ai repris l'appareil photo et je l'ai pris en photo cet ours. Et puis il a fini par continuer sa route et il est parti. Et l'autre fois, c'était une fois où je m'étais arrêté sur une rivière parce que j'avais vu un ours qui attrapait des saumons. Et puis là, il y a d'autres personnes qui m'ont vu. Il y avait pas mal de touristes en fait, ce jour là, qui prenaient cette route. Et puis il y a une voiture qui s'est arrêtée, puis deux, puis trois, puis quatre. Et puis là on s'est finalement, on s'est retrouvés, on était une cinquantaine à côté de l'ours, il y en avait même qui essayaient de le prendre avec un téléphone portable. Puis l'ours, il s'est mis à grogner et puis d'un seul coup, il s'est mis à charger. En fait, des gens qui… Tout le monde s'est sauvé en hurlant en fait. Et puis moi je me suis pas sauvé parce que tu sais qu'il faut pas courir, faut surtout pas courir quand on a un ours qui nous court après. Et du coup, en fait, tout le monde s'est mis derrière moi et je me suis retrouvé face à face avec l'ours ! J'avais une une bombe au poivre en fait, et j'étais prêt à l'asperger, puis une personne âgée du coin qui est venue en tapant dans les mains et en courant après l'ours. Et l'ours, il a eu peur, il s'est sauvé. Mais voilà, c'est un peu les deux fois où vraiment je me suis dit : ouh là attention quand même !

Pierre-Marie:
Ouais, les ours, ouais !

Michel:
Mais les ours, j'en vois assez souvent et la plupart du temps, il se passe jamais rien de jamais rien de fou. Et après la nuit, quand je dors en hamac, j'essaie de dormir dans des endroits où il y a… De toutes façons, il y a des ours partout à Hokkaido. Il faut partir du principe qu'on peut en rencontrer partout, même à Sapporo. Mais j'essaie de dormir dans des endroits où les chances d'en rencontrer sont moindres. Et puis, quand je dors, j'essaie de faire en sorte que l'ours sache qu'il y a un homme dans les parages, en fait.

Pierre-Marie:
En faisant du bruit ou…?

Michel:
Avant de dormir, j'essaie de faire du bruit. Et puis il y a quand même toutes mes affaires avec mes odeurs et voilà, je pense que ça suffit. Bon après, quand je dors en hamac, j'ai toujours la bombe à ours qui est prête à servir au cas où, mais en hamac, ça m'est jamais arrivé d'être dérangé par un ours, par des cerfs, ça m'arrive assez souvent, mais par un ours, ça m'est jamais arrivé.

Pierre-Marie:
D'accord.

Michel:
Par des renards aussi, des fois, tiens.

Pierre-Marie:
Est-ce que, quand tu es dans ces situations, tu te sens comme un étranger à ce monde-là ? Ou comme si tu faisais partie de ce monde-là ? Je te pose cette question parce que le nom de ton activité ou de ton compte, c'est "Yosomono" et Yosomono", ça veut dire un peu… quoi ? "Étranger" ou "sauvage", non?

Michel:
Oui, ça veut dire "étranger". "Sauvage", c'est plus "yaban". J'ai hésité à prendre le mot "yaban" d'ailleurs, j'ai finalement choisi "yosomono". Je trouvais que ça sonnait mieux. Puis au final, je regrette. J'aurais plutôt du dire "sauvage", c'était plus marrant. Bon à la base, c'est surtout… comme une boutade en fait parce que quand je vais là-bas à Hokkaido je suis toujours le seul étranger. Bon maintenant, il y a quand même de plus en plus d'étrangers qui comme moi, qui viennent faire de la photo à Hokkaido, mais vraiment partir dans les coins pas connus, reculés, dormir en bivouac, il y en a pas beaucoup. Bon et puis après, pour répondre aussi à la question, oui, je ne me vois pas forcément comme… C'est vraiment une question compliquée. Je pense quand même qu'on fait tous partie de la nature. Qu'on vive dans la ville, qu'on vive dans la nature, proche de la nature. On fait tous partie de la nature parce qu'on est tous des animaux. Mais c'est vrai qu'en général, quand je suis dans la forêt et quand je suis dans le monde des animaux, j'ai plutôt l'impression d'être un visiteur qui doit essayer de ne pas trop les déranger. Plutôt que quelqu'un qui fait partie de l'univers de la forêt puisque au final, j'habite pas toute l'année dans la forêt. Je reviens, je reviens dans la ville, je retrouve mon confort, mon ordinateur… Et voilà quoi, donc peut être que le nom 'étranger" vient de là.

Pierre-Marie:
D'accord. Okay, okay. Tu dis. Il y a beaucoup de touristes. Est-ce qu'il y a beaucoup de Japonais comme toi qui font ce genre d'expéditions ?

Michel:
En général, donc, des Japonais qui font de la photo, il y en a quand même beaucoup d'ailleurs il y a certains endroits, il y a quand même maintenant un peu une certaine concurrence et des fois un peu de… Je ne trouve plus le mot. Des comportements qui font un peu penser à des rivaux en fait. Parce que à la fois il y a beaucoup de monde, mais à la fois tout le monde se connaît. Il n'y a pas non plus assez de monde pour qu'il y ait… Enfin, tous les gens qui font de la photo animalière là-bas se connaissent en fait. Et des fois il y a quand même certains comportements un peu… pas très amicaux entre entre les photographes, en fait.

Pierre-Marie:
C'est un peu comme les ramasseurs de champignons dans les forêts en France, non ?

Michel:
C'est ça ! C'est exactement ça. Oui, c'est exactement ça.

Pierre-Marie:
Personne ne veut donner les bons coins où trouver les bons champignons.

Michel:
Voilà, c'est ça. Et puis dès qu'il y a quelqu'un qui a trouvé un terrier, qui est ou alors… Non, le plus difficile, c'est dès qu'il y a quelqu'un qui a trouvé un animal qui est rare en fait. Et là ça devient un peu la course l'information. Demander… Il y en a qui vont essayer de demander les informations pour savoir où est-ce qu'on peut le trouver. Je pense par exemple; il y à une époque, il y avait un écureuil albinos. Il était tout blanc avec des yeux rouges et en fait, du coup, ça le rendait très très rare et beaucoup de gens essayaient de le prendre en photo, surtout l'hiver dans la neige. Ça c'est assez intéressant Et donc sur cet endroit, on est forcément, on croisait d'autres photographes et tout le monde essayait de faire de la photo de cet animal là en fait. Donc il y avait une certaine rivalité entre les photographes et parfois une ambiance qui n'est pas, qui est pas super agréable en fait. Donc dans certains coins, il y a cette ambiance là. Mais après, quand je pars, j'y vais… Je vais à Hokkaido aussi avec mon kayak et des fois donc je fais, je fais pas mal de kayak à Hokkaido. Là, je suis sûr de ne rencontrer personne. En fait, même la plupart du temps quand je dors en forêt, je rencontre personne. Mais c'est vrai que quand j'ai l'information, quand j'ai une information avec la possibilité de prendre des photos d'un animal qui est rare, par exemple des chouettes qui ont donné naissance à des petits dans un creux d'arbre qui est connu, je vais quand même, même s'il y a beaucoup de monde qui va être là-bas pour prendre la photo, je vais quand même avoir envie de, moi aussi, d'essayer de faire la photo en fait.

Pierre-Marie:
D'accord. Alors je me pose souvent une question par rapport à cette activité de photographe et peut-être en plus, en particulier pour pour vous, donc dans la photographie nature, puisqu'il y a toutes ces difficultés à trouver le bon moment, le bon animal, faire la photo idéale. Aujourd'hui, on entend beaucoup parler de l'intelligence artificielle. Je suppose que ces photos idéales, on peut déjà les "créer" entre guillemets.

Michel:
C'est vrai. Oui, c'est vrai. Il y avait d'ailleurs un article sur National Geographic, il n'y a pas longtemps, où ils s'amusaient à mettre des vraies photos et des fausses photos. Des vraies photos et des photos faites avec l'intelligence artificielle. C'était assez amusant. Oui, je pense qu'on arrive à une époque où… même de toute façon, avant, l'intelligence artificielle, il y avait des gens qui étaient très doués avec des logiciels de montage et qui arrivaient à faire des photomontages qui étaient plutôt réussis.

Pierre-Marie:
D'accord.

Michel:
Mais bon, moi c'est pas… Moi, c'est pas vraiment mon truc. Moi je suis un peu un collectionneur en fait. J'aime bien collectionner les instants et avoir la photo que j'ai sans avoir… Enfin, moi j'aime bien me balader dans la nature, prendre des photos et je suis pas spécialement comme un illustrateur en fait, parce que là c'est vraiment le domaine de l'illustration et ça m'intéresse pas vraiment. Même j'ai pas vraiment de but… Enfin j'essaie pas forcément, ça fait plaisir d'en avoir, mais je n'essaye pas forcément d'avoir de la reconnaissance quand je fais des photos ou des posts sur Instagram. D'ailleurs je fais même pas de concours photo et du coup, en fait, j'ai pas vraiment d'intérêt à essayer de trafiquer, de mettre des photos, enfin je sais pas, des photos qui sont pas vraies quoi. Par exemple de de prendre un cerf et puis de lui coller une lune entre les bois.

Pierre-Marie:
Entre les bois justement, je pensais à ça tout à l'heure.

Michel:
Donc non, non, je voudrais pas… Ça m'intéresse pas du tout.

Pierre-Marie:
Si je comprends bien, en fait, c'est autant le process, c'est-à-dire toutes les activités qui t'amènent à faire ces photos que le résultat final, donc la photo, qui t'intéresse.

Michel:
Oui bien sûr, on peut dire ça. Oui, exactement. Mais après ça fait toujours plaisir d'accomplir son objectif. Mais bon, après, si j'accomplis tous mes objectifs, au final, je vais peut-être plus en avoir, j'aurais peut être plus d'objectifs au bout d'un moment. Il faut bien aussi avoir certains objectifs qu'on n'arrivera jamais à avoir, Mais il n'y a pas que la photo, il y a aussi le fait de se balader dans la nature, de pouvoir observer les animaux qui compte aussi beaucoup pour moi.

Pierre-Marie:
Alors autre sujet un peu entre guillemets "d'actualité". Après l'intelligence artificielle, c'est le réchauffement climatique. Tu fais des photos depuis une vingtaine d'années, presque au Japon. Est-ce que tu as vu la nature changer ? Que ce soit peut-être les paysages ou les animaux ?

Michel:
Ouais c'est sûr que ma… Alors je sais pas si je saurais pas dire si c'est vraiment la réalité ou si c'est juste une impression. Mais c'est vrai que chaque année je ressens qu'il y a de moins en moins de neige à Hokkaido. J'ai vraiment l'impression qu'il y a de moins en moins de neige et les icebergs viennent de plus en plus tard et de moins en moins nombreux. Donc j'ai vraiment l'impression d'un manque de neige sur Hokkaido. Chaque année, il y en a, il y en a toujours moins j'ai l'impression. Et il y a certaines photos aussi, avant qu'on pouvait faire et qu'on ne peut plus trop faire puisque les animaux ne sont ne sont plus trop là en fait. Je pense notamment à des photos de grues au niveau d'un pont et une rivière où il y a quelques années, on en voyait des centaines et des centaines. Et puis maintenant, en fait, il n'y en a plus beaucoup qui viennent à cet endroit en fait. Mais ça c'est peut-être pas forcément lié au réchauffement climatique. En tout cas, pour la neige et la froideur de Hokkaido l'hiver, j'ai vraiment l'impression que c'est… Ou alors c'est moi qui supporte de plus en plus le froid ? Je ne sais pas, mais j'ai vraiment l'impression qu'il fait, qu'il fait de plus en plus… de moins en moins froid à Hokkaido de l'hiver.

Pierre-Marie:
Et donc fatalement, ça doit avoir une conséquence sur la faune, sur les animaux ?

Michel:
Ils en parlent souvent aux informations et je pense que c'est peut-être assez vrai, mais on parle souvent des ours. Il y a de plus en plus d'ours qui hibernent très tard, voire même qui n'hibernent pas l'hiver.

Pierre-Marie:
Ah d'accord.

Michel:
Il faut savoir qu'un ours, ça… Déjà, ça hiberne pas vraiment. On dit que ça hiverne en français. C'est différent en fait. Parce que "hiberner", c'est vraiment… le corps, il est en léthargie totale, le cœur bat quasiment plus. Alors qu'un ours, certes, il va avoir son métabolisme réduit, mais s'il y a quelqu'un qui s'approche de l'endroit où il est en train de dormir, de se reposer ou d'hiverner, il va lever la tête et il va peut-être regarder, voir ce qui se passe en fait. Un ours ça ne dort pas complètement en hiver.

Pierre-Marie:
D'accord.

Michel:
Et il faut savoir que, donc, si un ours n'a pas la nécessité d'hiverner, c'est-à-dire qu'il y a encore plein de nourriture à proximité, il va pas forcément hiverner en fait. Parce que, quand ils hivernent, c'est simplement parce qu'ils n'arrivent plus à trouver de nourriture et que leurs dépenses énergétiques journalières, elles sont plus élevées que l'apport qu'ils gagnent en consommant de la nourriture. Là, ils décident d'hiverner. Mais si par exemple pendant l'hiver il y a plein de carcasses de, par exemple les cerfs en fait, qui se font souvent renversés par des voitures ou par des trains. Et il y a des carcasses un peu partout. Il y a des fois des ours qui mangent les carcasses de cerfs et qui éventuellement se passent donc d'hiverner.

Pierre-Marie:
D'accord. Il y a plus de cerfs que d'ours à Hokkaido ? J'ai aucune idée.

Michel:
Oui, oui, oui bien sûr ! C'est pas du tout comparable, c'est pas du tout comparable. Je pense que les ours, il doit y en avoir peut-être, j'ai peur de dire une bêtise, peut-être dans toute l'île, environ peut-être 5 000. Et les cerfs c'est pas comptable, c'est je sais pas combien il y en a, ça doit se chiffrer en centaines de milliers, peut-être même plus. Non, les cerfs, c'est vraiment… Certaines fois, je me balade en forêt et je tombe sur des hardes de cerfs. Ils sont des centaines et des centaines. Ça m'est déjà arrivé de voir des hardes de centaines… des hardes de cerfs où ils sont des centaines. C'est assez impressionnant. Il y en a vraiment beaucoup. Moi j'aime bien les cerfs, je les trouve… Je trouve ça assez majestueux comme animal. Et c'est quand même assez sympa de pouvoir en croiser à Hokkaido. Mais c'est vrai que les gens, à Hokkaido, il y en a beaucoup qui n'aiment pas les cerfs en fait, parce qu'il y a des problèmes avec l'agriculture. Ça vient manger les récoltes de l'homme… qui sont sur des terres qui à la base étaient des endroits où les cerfs pouvaient peut-être se nourrir avant que les hommes arrivent. Mais enfin, ça c'est un autre, un autre débat.

Pierre-Marie:
Est-ce que… Dans tous ces animaux que tu croises et que tu photographies à Hokkaido, lequel est à ton avis le plus photogénique ?

Michel:
Plus photogénique, dans quel sens ?

Pierre-Marie:
L'animal avec lequel tu fais les plus belles photos en fait.

Michel:
Je dirais quand même que, en tant que photographe animalier, le travail du photographe animalier, c'est quand même de réussir à savoir mettre en valeur n'importe quel animal, même ceux qui sont pas forcément mis en valeur en fait.

Pierre-Marie:
D'accord.

Michel:
Même ceux qui se prêtent un peu moins à la photo, j'ai envie de dire. Donc par exemple, les cerfs, il n'y a pas beaucoup de personnes qui les aiment à Hokkaido. Et pourtant c'est quand même assez facile de réussir à mettre en valeur et prendre des photos de cerf où le cerf, on lui donne une certaine magnificence avec la photo. Alors par contre, quand on parle d'animal photogénique, j'aurais tendance à me baser sur les résultats, les scores, un peu de like on va dire sur sur Instagram. Et si on se basait sur ça, je pense que oui, ça serait sans hésiter, ce serait les renards en fait. Donc les gens aiment bien les renards sur mon compte Instagram. Dès que je mets des photos de renards, il y a toujours plus de commentaires, plus de likes, plus de vues. Et après, sinon, je pense que les gens ils aiment bien aussi les écureuils volants.

Pierre-Marie:
D'accord, mais toi t'as pas de préférence ?

Michel:
Non, moi j'ai pas de… Moi, j'aime tous les animaux. J'ai vraiment pas de préférence. Même les animaux que les gens n'aiment pas forcément, je les aime aussi. Les tanukis par exemple, il n'y a pas beaucoup de gens qui les aiment, j'ai l'impression.

Pierre-Marie:
C'est vrai.

Michel:
Moi je les trouve assez sympathiques à observer en fait.

Pierre-Marie:
OK. D'accord, ben écoute, merci pour toutes ces explications. Où est-ce qu'on peut voir tes photos en fait alors ? Quel est le mieux pour voir tes photos ?

Michel:
Donc en fait c'est assez simple, donc il suffit de taper "Yosmono photography" en anglais avec un y à la fin. Et puis en fait, dans les résultats, vous aurez, j'imagine donc mon site internet où il y a plein plein plein de photos sans explications et… Elles sont quand même un peu triées. Et sinon, il y a aussi, vous trouverez sans doute aussi sur mes comptes Instagram et compagnie. Et là, là, sur Instagram, j'essaie de faire des photos avec une petite présentation et je les diffuse aussi sur sur le compte Instagram de National Geographic.

Pierre-Marie:
Je mettrai les liens vers tout ça sur mon site. Est-ce que de temps en temps tu fais des expositions photos ?

Michel:
Alors il y a une époque j'en faisais, mais c'est vraiment chronophage par rapport à l'apport que ça peut avoir. C'est-à-dire qu'en fait, quand on fait une expo photo, il n'y a pas forcément beaucoup de monde qui peuvent s'y déplacer et venir. Et alors que quand je poste une photo sur les réseaux sociaux et que ensuite par exemple, elle est republiée sur National Geographic, c'est des centaines de milliers de personnes qui vont pouvoir les regarder en fait.

Pierre-Marie:
Ah d'accord.

Michel:
Donc c'est vrai qu'ils ont fait… Après, il y a aussi un coût en fait, quand on fait des expositions, il faut acheter des cadres, il faut les mettre, imprimer les photos en grand format. Et ça, c'est un coût non plus, qui n'est pas négligeable. Mais peut-être qu'un jour je vais, je m'y remettrai à faire des… à faire une autre expo photo. C'est vrai que ça fait longtemps que je n'en ai pas fait.

Pierre-Marie:
D'accord.

Pierre-Marie:
Ok. Quel est ton ton prochain projet de voyage photo ?

Michel:
Et bien… Là, je suis encore sur mes tanukis mais j'ai vraiment beaucoup de mal à aller les voir parce que je supporte pas la chaleur de Tokyo en fait. Vraiment là c'est pareil, plus le temps passe et j'ai l'impression que moins je la supporte. Et ces vacances-là, donc je ne pars pas Hokkaido. Là, je ne pars plus à Hokkaido cet été, donc je pense que je vais rester sur les tanukis en essayant de faire en sorte de sortir quand il fait pas trop trop trop chaud. Et mon prochain voyage à Hokkaido, ce sera donc à l'automne parce que je rate jamais l'automne. C'est vraiment la plus belle saison. Hokkaido est vraiment, vraiment magnifique pendant l'automne et donc j'irais probablement faire des photos. Donc l'automne, d'ours parce qu'on en voit facilement l'automne. Et aussi de cerfs puisque l'automne ils sont.. Le comportement, il est vraiment intéressant à observer parce que les mâles sont en rut et on peut les observer en train de, ben, on dit "bramer". Mais les cerfs japonais, je trouve qu'ils chantent plus qu'il brament. On dirait un peu des cris de baleine.

Pierre-Marie:
Ah bon ? Ok.

Michel:
Ah oui oui, c'est très différent du cerf européen. On dirait des baleines qui chantent. Et d'ailleurs, dormir dans les bois à Hokkaido pendant l'automne, c'est vraiment agréable parce qu'il y a plein de chants de cerfs pendant qu'on dort et c'est une expérience assez formidable que je raterai pour pour rien au monde. Donc voilà !

Pierre-Marie:
Ok, parfait. Bah on suivra ça sur sur Instagram.

Michel:
Merci beaucoup.

Pierre-Marie:
Merci beaucoup encore pour ta participation.

Michel:
Merci à vous pour l'écoute.

Pierre-Marie:
Et puis à une prochaine fois. Au revoir.

Michel:
Au revoir.

Pierre-Marie:
Voilà, c'est la fin de mon interview avec Michel, donc Yosomono Photography. Merci d'avoir écouté jusqu'au bout. J'espère vraiment que ça vous a beaucoup intéressé. N'hésitez pas si vous le souhaitez à m'envoyer des commentaires sur mon site internet frenchbyear.com. Soit par écrit, soit en me laissant un message sur mon répondeur. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui et je vous dis à bientôt また次回.

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NOTES

Photos : Yosomono Photography.