Comment le Japon est venu à Honoré

Entretien avec Jean-Paul Honoré, auteur du livre « Comment le Japon est venu à moi ». Dans ce livre aussi poétique qu’amusant, il raconte ses souvenirs japonais de son enfance en France dans les années 50 et 60.

Il nous parle aussi de son séjour au Japon où il a enseigné quelques années à l’université de Kyoto.

Et aussi du Projet Poétique Planétaire dont l’objectif est simple : envoyer un poème unique chaque jour à une personne inconnue.

TRANSCRIPTION

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Pierre-Marie:
Bonjour à tous, c'est Pierre-Marie, French by Ear – フランス語の聞き取り, pour, aujourd'hui, une nouvelle interview. Cette fois ci avec Jean-Paul Honoré, l'auteur d'un petit livre que j'ai adoré. Ce livre s'appelle "Comment le Japon est venu à moi".

Et dans ce livre, Jean-Paul Honoré décrit, dans 52 petits textes très poétiques et souvent très amusants, comment le Japon est venu à lui dans son enfance, c'est-à-dire dans les années 50 et les années 60 en France. C'est donc comme un petit album poétique de souvenirs japonais d'un enfant français dans lequel on trouve des objets, bien sûr, mais aussi toute la culture japonaise telle qu'elle arrivait à cette époque en France. Donc du cinéma, un peu de littérature et aussi les arts martiaux comme le judo…

Vous allez dans cette interview notamment apprendre ce que c'est qu'une planchette japonaise ou bien une "cousine à poupées" et aussi comprendre pourquoi à l'époque en France, un gadget était forcément japonais.

Jean-Paul Honoré est aussi linguiste, c'est-à-dire un expert en langues et dans ses recherches, il a notamment étudié les stéréotypes, c'est-à-dire les clichés. Donc on parle aussi des clichés dans cette discussion. Enfin, il nous partage également quelques souvenirs de son expérience au Japon, puisqu'il a été enseignant à l'université de Kyoto pendant six ans. Et il nous parle aussi du projet poétique planétaire, un projet vraiment très intéressant.

Pierre-Marie:
Comme l'interview est un peu longue, j'ai fait une transcription que vous pouvez trouver sur mon site internet frenchbyear.com. Et j'ai aussi découpé l'interview en petits chapitres. Donc vous pouvez l'écouter quand vous voulez, un chapitre après l'autre.

Pierre-Marie:
Enfin, avant de commencer, je voulais remercier chaleureusement Emi Enomoto de la librairie en ligne Les Chats Pitres qui m'a très gentiment mis en relation avec Jean-Paul Honoré. Voilà, c'est tout pour tout de suite et on écoute maintenant l'interview.

Pierre-Marie:
Jean-Paul Honoré, bonjour.

Jean-Paul Honoré:
Bonjour Pierre-Marie.

Pierre-Marie:
Merci d'avoir répondu à mon invitation et de bien vouloir faire cet entretien ensemble.

Jean-Paul Honoré:
C'est avec un grand plaisir pour moi.

Pierre-Marie:
Donc aujourd'hui, on va essentiellement parler de votre livre que j'ai beaucoup aimé, qui s'appelle donc "Comment le Japon est venu à moi". Alors, comme dans tous les livres, au dos de la couverture, il y a une présentation de l'auteur à chaque fois. Pour votre livre, elle est vraiment très minimaliste puisque si je lis simplement, il est écrit :"Jean-Paul Honoré est né en 1951 à Tunis. Poète et linguiste, il a enseigné en France et au Japon". C'est vraiment une présentation très courte !

Jean-Paul Honoré:
Ma foi, à l'époque, ça paraissait tout à fait suffisant. Et puis il y a peu d'espace en quatrième de couverture, vous savez.

Pierre-Marie:
Exactement. Ce qui m'a un peu intrigué, c'est "poète et linguiste". Donc la définition de votre métier, ou de votre occupation, je ne sais pas. Est-ce qu'il y a un ordre de préférence entre poète et linguiste ?

Jean-Paul Honoré:
Ah, c'est une bonne question. On ne me l'avait jamais posée, je l'avoue. Ecoutez, je crois qu'en fait, poésie et linguistique dans mon histoire personnelle sont étroitement mêlées et pas vraiment dissociables. Quand j'ai commencé mes études, les études de littérature, mais aussi les études portant sur les mots et le discours, pour moi, se complétaient forcément. Alors bien sûr, j'ai… Tant que j'étais dans l'université, je ne me préoccupais pas de publier des poèmes, mais je m'intéressais quand même beaucoup à la poésie.

Pierre-Marie:
Ok, alors votre livre donc le titre c'est "Comment le Japon est venu à moi". J'aime beaucoup ce titre parce que on a plutôt tendance à penser à l'inverse en disant : "comment je suis venu au Japon", mais là c'est comment le Japon est venu à vous. Comment ce titre est venu à vous, finalement ?

Jean-Paul Honoré:
Hum. Ecoutez, c'est une question difficile, mais je pense que tout est parti du fait que je tenais à parler de mon enfance et de mon enfance en ce qu'elle accueillait l'idée du Japon, l'idée qu'il existait quelque part un pays qui s'appelait "Japon" et qui avait certaines caractéristiques. Donc ce n'était pas actif de ma part, c'était plutôt passif. J'entendais autour de moi parler de ce pays où je surprenais une image ou une chanson, et c'est ainsi que, venu de l'extérieur et convergeant vers moi, sont arrivés ces petits éclats qui m'ont peu à peu dessiné la forme de ce pays.

Pierre-Marie:
D'accord. Donc l'objectif, enfin peut-être votre idée de départ, c'était de faire une sorte d'album de toutes ces petites choses japonaises qui sont venues à vous pendant votre enfance, n'est-ce pas ?

Jean-Paul Honoré:
Tout à fait. Et j'ajouterai que tout de même, il y avait d'autres facteurs qui tenaient à la fois à la poésie et à la linguistique. D'une part, le fait que dans ma carrière de chercheur, j'ai travaillé sur les stéréotypes sans m'intéresser spécialement au Japon au départ, à une époque à laquelle je n'imaginais même pas que j'irais dans ce pays. Mais j'ai travaillé sur les stéréotypes culturels dans le discours politique. Et puis, d'autre part, il y a certainement aussi l'influence d'un poète que j'aime beaucoup qui est Georges Perec et ses "Je me souviens". Donc les deux se sont combinés à mon retour du Japon, lorsque, rentrant en France après avoir passé six ans à Kyoto, à l'université de Kyoto, j'ai commencé à percevoir que quelque chose dissonait, que quelque chose était étrange dans la rumeur que j'entendais en France à propos du Japon. Et c'est là que j'ai commencé à m'interroger sur les origines, pour les gens de ma génération, de ces rumeurs.

Pierre-Marie:
Donc il y a une cinquantaine, à peu près, de souvenirs, de petits textes qui font de temps en temps une seule phrase ou une page et demie, on va dire pour les plus longs. C'est une sorte de bric-à-brac, j'allais dire, dans le sens où il y a vraiment un peu de tout. Et de n'importe quoi, c'est-à-dire les choses telles qu'elles vous sont arrivées exactement. Mais j'ai essayé de trouver quelques catégories. Et je voudrais avoir pour chacune de ces catégories… peut-être que vous me donniez un exemple ou qu'on parle ensemble. Dans les trois catégories que j'ai notées, pour moi, il y a l'industrie japonaise.

Jean-Paul Honoré:
Oui.

Pierre-Marie:
Le cinéma.

Jean-Paul Honoré:
Hum, très juste.

Pierre-Marie:
Et les arts martiaux.

Jean-Paul Honoré:
Bien sûr.

Pierre-Marie:
Et donc pour chacune de ces catégories, il y a plusieurs petits souvenirs. Alors peut-être d'abord l'industrie. À un moment donné, vous parlez des motos japonaises, est-ce que vous pouvez expliquer, un peu, comment vous avez intégré cette idée dans votre livre ?

Jean-Paul Honoré:
Oui. Les trois aspects que vous venez de d'énumérer correspondent évidemment à un phénomène générationnel, c'est-à-dire un phénomène lié à à mon histoire personnelle, à mon âge et à la période à laquelle j'étais enfant, dans les années 50 et 60. Et à cette époque-là, les manifestations matérielles du Japon étaient rares et d'autant plus spectaculaires. Et pour l'enfant que j'étais, pour le petit garçon qui reproduisait un peu le comportement de son père ou de ses oncles, évidemment, je m'intéressais à la mécanique. Et les motos, les merveilleuses motos japonaises sont arrivées avec leur design, avec leur efficacité et avec leurs noms extraordinaires : Honda, Suzuki, Yamaha. Et ça ne pouvait évidemment que beaucoup impressionner l'enfant que j'étais. Et cette image est restée. Cela a été l'époque d'une percée industrielle du Japon en Europe et c'est venu, entre autres choses, par là.

Pierre-Marie:
Alors, à ce moment-là, est-ce que vous êtes toujours en Tunisie ou est-ce que vous êtes en France ?

Jean-Paul Honoré:
Non, Je suis rentré en France, bien sûr. J'ai une douzaine d'années je pense.

Pierre-Marie:
Alors dans le côté industriel et les produits importés du Japon, il y a le bon comme les motos, mais il y a des choses un peu, peut-être un peu plus discutables. Et d'ailleurs à l'époque, le "Made in Japan" n'a pas bonne réputation.

Jean-Paul Honoré:
Pas du tout.

Pierre-Marie:
Vous parlez à un moment donné d'un gadget assez intéressant…

Jean-Paul Honoré:
Oui, oui, les gadgets japonais. Le mot "japonais" semblait attirer le mot "gadget" pratiquement. "Gadget japonais", c'était une expression extrêmement solidaire. Un gadget était forcément japonais. Et c'est vrai qu'on a vu arriver en France à ce moment-là ces petits objets qui ne coûtaient pas bien cher, dont on ne savait pas à quoi exactement ils pourraient nous servir, mais qui paraissaient très ingénieux, qui piquaient la curiosité comme ce ce fameux ventilateur aspirateur qui tenait dans la main, qui était minuscule et que j'ai offert à mon à mon pauvre père qui n'en a rien fait parce que c'était un objet impossible, une sorte d'ornithorynque mécanique comme je l'ai, comme je l'ai écrit. Mais ces objets étaient fascinants. Ils venaient d'ailleurs, ils étaient ingénieux, ils étaient peu coûteux et malgré leur qualité médiocre à l'époque, ils avaient un grand succès en France.

Pierre-Marie:
D'accord. Il y a autre chose qui m'a aussi beaucoup amusé, c'est la "cousine à poupées". Alors si vous pouviez expliquer à nos auditeurs ce qu'est une "cousine à poupées" parce que c'est quand même assez assez rigolo.

Jean-Paul Honoré:
Ah, la "cousine à poupées", peut-être existe t-il des "cousines à poupées" au Japon ? Je n'en ai pas rencontré… Mais bon, en France, dans les années 60, c'était une mode d'offrir des petites poupées en costumes folkloriques. C'étaient des poupées qui faisaient 20 centimètres de haut, qui étaient en général enfermées dans une boîte en plastique transparent et qui fascinaient beaucoup les petites filles. Ou plus exactement, on faisait comprendre aux petites filles qu'il était normal qu'elles soient fascinés par ces objets. Il y avait la Bretonne, il y avait l'Espagnole, il y avait l'Alsacienne, il y avait la Niçoise, toutes avec des costumes folkloriques assez spectaculaires sur ces petites poupées de 20 cm de haut. Et curieusement, dans presque toutes les familles françaises, il y avait quelqu'un, une jeune fille ou une petite fille qui se lançait dans la collection de ces poupées. J'ai connu beaucoup de familles comme cela et quand on allait chez elles en visite, et bien comme on ne savait pas trop quel objet apporter, on se disait "Mais pour la petite, on va lui offrir une poupée." Ce qui faisait des collections de poupées invraisemblables et très envahissantes.

Pierre-Marie:
Absolument… Je crains que cette mode ait perduré jusqu'aux années 70-80 parce qu'elle évoque quelques souvenirs personnels.

Jean-Paul Honoré:
C'est bien possible. Oui oui… On a commencé avec les poupées régionales et puis ensuite les poupées nationales et il y a eu des petites Japonaises de 20 cm de haut, avec des coiffures extraordinaires et des habits, des kimonos aux couleurs de papillons qui fascinaient les fillettes.

Pierre-Marie:
Absolument… Ok, alors ça c'était sur la partie "industrie". Sur le cinéma… Il y a quelques souvenirs liés au cinéma dans ce livre. Est-ce que vous pouvez nous en dire deux mots aussi ?

Jean-Paul Honoré:
Ah Godzilla, bien sûr ! Godzilla, le merveilleux film Godzilla qui est sorti en France dans les années 50, que j'ai vu pour ma part quand j'étais très jeune en Tunisie et qui est le premier film japonais que j'ai vu, qui était tout à fait fascinant par l'imaginaire qu'il colportait. Godzilla était une sorte de dragon, mais il n'était pas identique à la représentation des dragons que j'avais. C'était un dragon qui se déplaçait dans les villes, parmi les immeubles, en écrasant tout. Et c'était absolument fascinant de voir cette créature qui ne ressemblait à rien de ce que les contes en France m'avaient préparé à imaginer. Et ce que j'ai retenu de ce film aussi, c'est l'évocation de quelque chose qui pour moi était bien plus mystérieux que Godzilla. C'est l'évocation d'une catastrophe nucléaire. Il en était question dans ce premier Godzilla et je ne savais pas encore très clairement de quoi il s'agissait. Mais ça a été le la première rencontre avec cette idée, malheureusement étroitement associée à l'histoire du Japon.

Pierre-Marie:
Oui, bien sûr. D'accord. Je pense que… il y a aussi dans le livre d'autres souvenirs de cinéma qui sont plus du côté de Ozu, si je me souviens bien.

Jean-Paul Honoré:
Bien sûr, bien sûr, Plus tard, quand j'ai été plus en âge de devenir un peu cinéphile et d'apprécier la façon dont un metteur en scène pouvait filmer, cadrer et évoquer des psychologies, naturellement.

Pierre-Marie:
Très bien. Il y a aussi alors, je déborde du cadre du cinéma. Mais j'ai bien aimé le… votre impression sur "La danseuse d'Izu", le livre de Kawabata…

Jean-Paul Honoré:
Très étrange.

Pierre-Marie:
… où vous terminez. Vous dites en substance que… Vous venez de terminer le livre et vous espérez toujours qu'il va se passer quelque chose finalement.

Jean-Paul Honoré:
Tout à fait. C'est la découverte d'une autre littérature, d'une autre façon de concevoir le récit. Et c'est passionnant parce que pour moi, les choses étaient transparentes. Un récit, la structure d'un récit, ça allait de soi. Et ce qui a été merveilleux au fond, dans cette expérience déroutante, c'est la rencontre avec une autre façon d'approcher la narration. Donc, dans mon esprit d'adolescent, ça a commencé par la perplexité, bien sûr, mais c'était une perplexité tout à fait, tout à fait saine. Je me rappelle d'être resté en état de perplexité d'un bout à l'autre de de la nouvelle de Kawabata. Que va t-il se passer ?

Pierre-Marie:
Et vous terminez en disant : "J'ai eu l'impression d'avoir cherché à saisir un nuage".

Jean-Paul Honoré:
Oui, oui, oui, C'est l'impression presque physique que m'a que m'a fait ce récit. Oui, c'est vrai.

Pierre-Marie:
Très bien. Alors on bascule du littéraire vers le martial pour parler des arts martiaux qui ont eu une influence sur votre enfance. En tout cas, c'est aussi par ce biais-là que le Japon est venu jusqu'à vous.

Jean-Paul Honoré:
Tout à fait.

Pierre-Marie:
Est-ce que vous pouvez parler de cette expérience?

Jean-Paul Honoré:
Bien sûr, on a peut-être du mal à l'imaginer aujourd'hui, mais à l'époque où j'étais enfant, dans les années 50, au début des années 60, très peu de gens avaient entendu parler du judo, par exemple. Très peu de gens. Et puis les Jeux olympiques de Tokyo sont arrivés. C'était en 1962 je crois, et ça a été une découverte. Pas seulement pour moi, ça a été une découverte pour beaucoup d'enfants de mon âge et même beaucoup d'adultes qu'il existait ce sport qui avait une longue histoire et dans laquelle le Japon excellait. Ça s'est combiné avec le fait qu'il existait malgré tout…. On a découvert à cette occasion qu'il existait en Europe quelques très bons, très bons judokas et on a énormément parlé de la victoire de Geesink sur Kaminaga qui a frappé tous les esprits car on disait que le Japon était absolument imbattable en judo.

Pierre-Marie:
Et Geesink était hollandais, je crois.

Jean-Paul Honoré:
Il était hollandais. Oui, tout à fait, tout à fait, oui.

Pierre-Marie:
Alors moi j'ai jamais fait de ni judo ni karaté, mais par contre vous évoquez dans le livre la "planchette japonaise". Je ne sais pas ce que c'est, mais j'ai souvent entendu cette expression.

Jean-Paul Honoré:
Oui, on parlait beaucoup de la planchette japonaise à propos des bagarres de cinéma. C'est dire que les gens étaient vraiment très très peu familiarisés avec le judo. C'est "tomoe nage" en judo. Et en français, on parlait de planchette japonaise, c'est dire à quel point c'était perçu comme quelque chose d'exotique. Une planchette pour les auditeurs qui ont peut-être du mal à se représenter ce que c'est, c'est un petit morceau de bois tout raide, une petite planche, et cela fait allusion à la forme du corps qui est soulevée et projetée par dessus la tête de celui qui parvient à réussir cette cette prise de judo. Et c'était tout à fait spectaculaire. Et les vrais héros, dans les bagarres de cinéma, les véritables héros pratiquaient la planchette japonaise qui en général avait un rôle conclusif et mettait fin à la bagarre.

Pierre-Marie:
C'est pour ça que j'en ai entendu parler, je pense, même sans avoir jamais mis les pieds dans un "dojo". Mais la planchette japonaise, je connaissais.

Jean-Paul Honoré:
Oui, aujourd'hui, le Japon est beaucoup plus familier dans les arts martiaux et on n'entend plus beaucoup cette expression. J'ai rencontré des jeunes gens à qui je parlais de cela et qui me disaient : "Ah non! Qu'est-ce que ça veut dire ?" Ils ont intégré, je crois, le mot japonais. Alors pour moi, évidemment, le judo est lié à une autre histoire, une histoire intime et personnelle qui vient de ce que j'arrivais de Tunisie. J'étais un petit garçon qui avait grandi à l'étranger. Il a fallu faire ma place dans l'école parmi des petits camarades parfois assez brutaux, et mon père a eu la bonne idée de me faire faire du judo. Et je dois dire que le judo m'a beaucoup servi pour poursuivre une scolarité que je qualifierais paradoxalement d'apaisée. C'est-à-dire que mes petits camarades ont arrêté de m'embêter à partir du moment où j'ai commencé à faire du judo.

Pierre-Marie:
D'accord, ok, je comprends bien. Donc ça, j'ai fait une petite sélection dans ces 52 chapitres de certains points qui m'ont ému ou fait sourire ou intéressé particulièrement. Est-ce que, vous, est-ce qu'il y a un, peut-être un ou deux souvenirs que, spontanément, vous aimeriez ressortir de ces 52 ?

Jean-Paul Honoré:
Ah je… Oui, peut-être, parmi les textes qui sont au début du livre. Ce sont les souvenirs les plus, les plus anciens. La rencontre du mot "Fuji Yama" par exemple, puisqu'en France, comme vous le savez, beaucoup de Français disent le "Fuji Yama" et non pas le "Fuji san". Et le nom de cette montagne merveilleuse qui me paraissait ressembler à à la silhouette même de la montagne en deux parties "Fuji", "Yama". Et pour moi, c'était la découverte de la poésie intrinsèque du mot. Ça venait à la fois de ses sonorités, de son exotisme et de l'image qu'elle faisait naître dans mon esprit, celle d'un d'un volcan au loin, au dessus de la mer.

Pierre-Marie:
Ok, merci… Le livre commence et se termine dans l'avion qui vous emmène pour la première fois de France au Japon. Et donc, dans ce premier chapitre et dans ce dernier chapitre, il y a des réflexions que j'ai trouvées particulièrement intéressantes et que je voudrais vous demander de commenter, parce que dans le premier chapitre, vous notez, en arrivant au Japon, donc pour la première fois, "je vais apprendre à dissocier ce que je vois de ce que je reconnais."

Jean-Paul Honoré:
Oui. Expérience importante pour moi, étroitement liée à la question des stéréotypes. Les stéréotypes nous prédisposent à reconnaître dans le réel ce qui est déjà construit, vous voyez ? Les stéréotypes déposent dans notre dans notre esprit ou dans notre discours des images qu'ensuite on a tendance à vérifier, dont on a tendance à vérifier l'existence dans le réel. Ça porte un nom savant en théorie des stéréotypes, le vérificationnisme, c'est-à-dire qu'on cherche dans le réel ce qui vient conforter nos stéréotypes, ce que nous avons appris à priori. Et, le premier effort à accomplir pour se dégager des stéréotypes, c'est réapprendre à voir, à voir vraiment et non pas simplement à reconnaître ce que l'on croit savoir déjà. Pour donner un exemple, oui, je parle effectivement dans ce premier récit de mon arrivée à l'aéroport de Tokyo et pour moi, le Japon était le pays de l'ordre de la propreté, de la perfection. Il se trouve que ce soir-là, quand je suis arrivé pour la première fois à l'aéroport de Tokyo, je ne sais pas pourquoi, c'était le bazar, c'était le bazar ! On a attendu nos nos valises un temps interminable, un tapis était en panne. Voilà, ça arrive dans tous les grands aéroports du monde. Et c'est venu percuter l'image que je me faisais à priori. Alors, une attitude très conforme au stéréotype aurait consisté à ne pas voir, ne pas étudier, ne pas m'interroger. Et puis l'autre attitude consiste à se dire : "Tiens ! Mais ça ne correspond pas à ce que le stéréotype m'a appris. Je ne reconnais pas mon Japon. Où est-il ?" Et c'est de cette première expérience à l'aéroport qu'est née cette formule "apprendre à dissocier ce qu'on voit de ce qu'on connaît."

Pierre-Marie:
Et donc quand le livre se termine, vous avez une réflexion là-dessus, sur les stéréotypes. Enfin, vous utilisez le mot "chimères", en disant : "Je les regarde avec plus de tendresse que de réprobation." Alors qu'est-ce qu'il faut comprendre dans cette idée ?

Jean-Paul Honoré:
Eh bien, les stéréotypes sont quand même étroitement liés aux étapes de notre éducation et par conséquent étroitement liés à notre enfance et à nos naïvetés d'enfant, d'adolescent, de jeune homme. Et on a toujours une certaine tendresse, malgré tout, pour ces expériences enfantines ou ces expériences adolescentes. Donc il ne faut pas jeter sur ces stéréotypes tels qu'on les a vécus dans notre enfance, un regard trop critique. D'autant plus que les stéréotypes ont leur utilité aussi dans dans le fonctionnement de l'esprit, les stéréotypes sont parfois utiles lorsqu'ils ne projettent pas une image négative ou hostile des autres. Mais dans le fonctionnement de l'intellect, dans la vie quotidienne, on procède beaucoup par stéréotypes, parce que c'est économique. Alors, s'agissant des stéréotypes interculturels, il faut savoir évidemment s'en dégager. Mais ce qu'on peut retenir de favorable les concernant, c'est qu'ils piquent notre curiosité. Ils nous donnent envie de voir, de connaître. Ils nous donnent envie de consommer de l'exotisme en quelque sorte. Et c'est une motivation comme une autre. Il ne faut pas la rejeter ou la blâmer. Ensuite, la question importante va consister à leur faire leur part et à s'en dégager, à méditer à leur sujet, à contempler leur caractère un peu, un peu drôle, un peu naïf, un peu idiot quelquefois, et à se dire que, au fond, ils nous ont servi malgré tout de clés, de portes, d'entrées, et qu'après il va falloir voir autre chose.

Pierre-Marie:
Hum, d'accord. Une incitation à la découverte, en fait une incitation au mouvement.

Jean-Paul Honoré:
Tout à fait. Bien sûr, bien sûr.

Pierre-Marie:
Et alors, toujours dans ce dernier chapitre, j'ai aussi relevé cette phrase. Donc vous décrivez votre votre état en arrivant pour la première fois au Japon et vous écrivez : "Je n'en avais pas appris beaucoup plus que ce que je viens de décrire." C'est-à-dire que quand vous arrivez au Japon, vous ne savez pas grand chose du Japon, à part tous ces souvenirs d'enfance.

Jean-Paul Honoré:
Tout à fait, oui.

Pierre-Marie:
J'allais dire, aujourd'hui, c'est une expérience qui n'est presque plus possible puisque la plupart des gens qui viennent au Japon aujourd'hui… Il y a tellement de ressources facilement accessibles par Internet sur le Japon en général. Les gens qui arrivent maintenant, ils sont beaucoup plus informés et peut-être ont déjà un peu fait le tri dans les stéréotypes, justement.

Jean-Paul Honoré:
Il faut l'espérer, oui.

Pierre-Marie:
Il faut l'espérer.

Jean-Paul Honoré:
Cela dit, les stéréotypes ont la vie dure parce qu'ils sont utilisés aussi, y compris de façon politique, quelquefois. Et bon, j'ai beaucoup travaillé sur les stéréotypes de presse et les stéréotypes de presse relatifs au Japon sont encore nombreux. Donc les gens qui découvrent le Japon pour la première fois arrivent encore aujourd'hui avec un bagage d'images qui doivent absolument être questionnées et réévaluées. Je pense que malgré tout, c'est toujours le cas.

Pierre-Marie:
Oui, je suis tout à fait d'accord avec ça. En fait, je pense que ce que je voulais dire surtout, c'est que la taille du bagage a beaucoup changé. Quand vous arrivez au Japon, vous avez un bagage japonais très léger en fait.

Jean-Paul Honoré:
Tout à fait. Bien sûr, c'est une autre époque. C'est vrai.

Pierre-Marie:
Ok, très bien. C'était un peu toutes les questions que j'avais sur ce livre précisément, mais je voudrais poursuivre un petit peu l'entretien pour savoir… Qu'est-ce qui s'est passé ensuite, en fait, dans votre séjour au Japon ? Si j'ai bien compris, vous étiez donc enseignant à l'université de Kyoto. Est-ce que vous pouvez parler un peu de cette expérience ?

Jean-Paul Honoré:
Ah… Cela a été une magnifique expérience. Bien entendu, j'ai eu la chance de pouvoir enseigner à l'Université de Kyoto pendant six ans. Mon épouse Elise enseignait à l'université d'Osaka.

Pierre-Marie:
Ah d'accord, ok.

Jean-Paul Honoré:
Et nous avons été très heureux au Japon, très heureux de découvrir ce pays et de nous y faire de nombreux amis. J'ai eu des étudiants avec lesquels pour certains, je suis encore en contact, de même qu'avec mes amis japonais. La vie à Kyoto était intense, Il y avait beaucoup de travail, mais c'était normal. Et le quartier dans lequel j'habitais, non loin de l'université, vers Sakyô-ku était un quartier charmant et j'avais un bonheur intense à me rendre à l'université chaque matin pour y rencontrer mes mes étudiants.

Pierre-Marie:
Vous enseigniez à ce moment-là sur un thème particulier ou c'était français en général ?

Jean-Paul Honoré:
J'ai enseigné la langue française. Il y avait… J'enseignais à la fois au kyouyou-bu et au bungaku-bu, comme on disait au Japon premier cycle et aux spécialistes de de littérature. J'enseignais l'histoire de la langue, les techniques d'écriture à l'époque. Je ne sais pas si c'est encore le cas, mais les étudiants devaient passer le concours des bourses qui leur permettrait ensuite de séjourner longuement en France avec une bourse du gouvernement français. Donc les techniques d'écriture leur permettant de rédiger la redoutable dissertation qu'il fallait absolument réussir pour pouvoir accéder aux études en France par l'intermédiaire d'une bourse. Et j'ai enseigné la littérature aussi et j'ai la joie d'avoir quelques quelques anciens élèves qui, pas seulement grâce à moi, mais grâce à toute l'équipe de l'Université de Kyoto où il y avait des des professeurs vraiment éminents… J'ai la joie d'avoir d'anciens élèves qui sont de brillants spécialistes de littérature française aujourd'hui au Japon.

Pierre-Marie:
D'accord. Oui, la dissertation, la synthèse, ce sont toujours des exercices difficiles pour les Japonais, j'ai l'impression.

Jean-Paul Honoré:
Extrêmement marqué culturellement. C'est… Nous sommes nous Français, les enfants des Grecs. Cette histoire de dissertation, ça nous vient de loin. Nous pensons encore une fois que les choses vont de soi, qu'il n'y a qu'une façon d'argumenter par test, antithèse, synthèse ou des procédés plus ou moins analogues. Nous n'aimons pas trop y mêler de sentimental. En fait, il y a bien d'autres façons de construire des raisonnements et des récits ou des textes démonstratifs. Ça aussi, l'apprentissage de la dissertation à mes étudiants a été un apprentissage pour moi-même.

Pierre-Marie:
Et alors j'ai vu aussi, sans doute sur Wikipédia, que vous aviez été attaché linguistique à l'ambassade de France.

Jean-Paul Honoré:
C'est vrai, oui.

Pierre-Marie:
Et alors, je me suis bien demandé : "qu'est-ce que c'est comme travail, à quoi ça correspond comme travail ?"

Jean-Paul Honoré:
C'est la première question que je me suis posée quand j'ai appris que j'allais le devenir. Le périmètre de travail de l'attaché linguistique était, je sais pas si c'est toujours le cas, je ne veux pas introduire de confusion au Japon aujourd'hui, mais le périmètre du travail de l'attaché linguistique, à l'époque où j'ai pris ma fonction, était assez flou, il faut bien le reconnaître. Donc il me revenait plus ou moins de le définir moi-même. Et au fond, les choses étaient assez évidentes. Il s'agissait de créer un contact régulier entre les services de l'ambassade et les universités japonaises de ma région, d'apporter une forme d'assistance aux universités qui le souhaitaient en termes de formation, avec l'aide d'ailleurs de collègues japonais qui étaient eux mêmes d'excellents formateurs. Donc il y a eu comme cela des stages pour les étudiants, des stages pour les enseignants comme les les rencontres pédagogiques du Kansai qui ont été créées en 2006, un peu après mon arrivée et qui, pour ma grande joie, existent toujours, paraît il. Voilà. Donc il s'agissait de faire le lien entre les institutions françaises et des institutions japonaises dans le domaine académique.

Pierre-Marie:
Et donc vous êtes rentré en France à quelle date ?

Jean-Paul Honoré:
Je suis rentré en France après six ans au Japon en 2011, pardon en 1991. En 1991, je me rajeunis. En 1991, mais je suis retourné au Japon depuis.

Pierre-Marie:
Oui, et c'était ma question. Est-ce que depuis, vous y retournez régulièrement ?

Jean-Paul Honoré:
Pas régulièrement, mais j'y suis retourné, oui, de temps en temps, à l'invitation d'une université en général.

Pierre-Marie:
Oui, d'accord. Ok, merci beaucoup. Je pense que j'ai fait le tour des questions relatives à vos activités japonaises. Mais j'avais une dernière question parce qu'il y a quelque chose qui m'intrigue beaucoup, c'est le Projet Poétique Planétaire.

Jean-Paul Honoré:
Ah oui, oui.

Pierre-Marie:
Alors, est-ce que vous pouvez expliquer… donc vous faites partie de ce projet, est-ce que vous pouvez expliquer l'idée ?

Jean-Paul Honoré:
Oui. Oui. Alors le Projet Poétique Planétaire est un projet qui a été conçu par un de mes amis, Jacques Jouet, qui est membre de l'Ouvroir de Littérature Potentielle, c'est-à-dire un groupe de de poètes qui est connu plus familièrement sous le nom d'Oulipo, dont ont fait partie Perec, Queneau, dont font partie aujourd'hui Hervé Le Tellier ou Jacques Jouet dont je parlais à l'instant. Alors Jacques, qui est un poète aux idées toujours fracassantes, a décidé un jour qu'il allait écrire un poème par jour et qu'il allait envoyer ce poème à un inconnu sur la planète Terre. Et qu'il ferait ce travail, un poème par jour envoyé à un inconnu jusqu'à ce que tous les inconnus, et même quelques connus de lui, aient reçu leur poème. L'idée, c'est que le poète doit envoyer un poème original à tous les habitants de la planète Terre et un poème qui soit écrit pour cet habitant, qui soit le sien. Donc il faut écrire au rythme d'un poème par jour, quelque chose comme un peu plus de 6 milliards de poèmes. Au bout d'un moment, Jacques qui respecte scrupuleusement cette règle, je peux en témoigner, Jacques Jouet m'a dit : "Écoute, 6 milliards, ça fait quand même beaucoup. Est-ce que tu accepterais de prendre la moitié, c'est à dire 3 milliards ?" Et je dis : "Ben oui, évidemment, bien sûr, Volontiers, Cher Jacques, je vais te donner un coup de main dans cette affaire !" Je dois donc écrire 3 milliards de poèmes, un petit peu moins maintenant, puisque nous avons été rejoints par trois autres poètes depuis ce temps. Mais ça nous fait quand même un peu plus d'un milliard de poèmes à écrire chacun et chaque jour, donc, il faut envoyer son poème à un inconnu. Alors ça se fait.., Il y a une règle, ça se fait dans l'ordre du bottin, c'est-à-dire que nous avons pris tous les bottins français et nous avons commencé par le premier des bottins français qui est celui du département de l'Ain, hein, le département de l'Ain en plus c'est homophone avec l'un, c'est extraordinaire.

Pierre-Marie:
Le bottin, on peut expliquer brièvement : c'est donc un gros volume qui donne toutes les adresses des personnes habitant partout en France finalement, n'est-ce pas ?

Jean-Paul Honoré:
Département par département. Voilà.

Pierre-Marie:
Donc vous êtes toujours sur l'Ain ?

Jean-Paul Honoré:
Nous sommes… Alors il s'est passé une véritable catastrophe. Il y a eu… Donc nous avons commencé le Projet Poétique Planétaire, il y a presque, oui, il y a plus de dix ans, en 2013, en ce qui me concerne, 2013. Et puis il s'est passé une catastrophe il y a quelques années, le bottin a cessé d'exister et les coordonnées informatiques que l'on peut trouver sur Internet ne dévoilent plus les adresses personnelles, comme c'était le cas autrefois par souci de protection de la vie privée. Donc, en ce moment, le projet poétique planétaire est dans une impasse parce que nous cherchons à collecter des adresses à la surface de la Terre. Donc si vous avez des idées, nous écrirons. Mais ce sont des poèmes en français.

Pierre-Marie:
Il faut pirater le site du Trésor public. Vous aurez toutes les adresses des Français.

Jean-Paul Honoré:
Quelque chose comme ça, quelque chose comme ça. Oui…

Pierre-Marie:
Ok, c'est un beau projet. Concrètement, ce sont des cartes postales que vous envoyez ?

Jean-Paul Honoré:
Non, c'est c'est une lettre. Euh, Vous voyez, ça se présente… Je peux vous montrer ça. Voici le cas d'une enveloppe qui n'a pas trouvé son destinataire et…

Pierre-Marie:
… qui vous est revenue alors ?

Jean-Paul Honoré:
Elle m'est donc revenue parce que parfois, quand on écrit à un destinataire, le destinataire a déménagé ou, chose plus triste, il a pu décéder entre temps. Ça, ça arrive. Et à ce moment-là, eh bien nous recevons une enveloppe avec une petite vignette de la poste qui indique que la lettre n'a pas pu être déposée. Et à l'intérieur de cette enveloppe, il y a une lettre avec un… Je vais faire un scoop, je vais l'ouvrir spécialement pour vous.

Pierre-Marie:
D'accord, Merci.

Jean-Paul Honoré:
Ça se présente comme ça, voyez, avec l'adresse ici en bas de la page, une petite explication. Et puis ici, les petits textes poétiques que j'ai écrits ce jour-là et que j'ai décidé d'envoyer à cette dame que je ne connais absolument pas et qui habite dans l'Ain, un petit hameau qui s'appelle Virignin.

Pierre-Marie:
D'accord. Et alors, il y a donc une adresse de retour ?

Jean-Paul Honoré:
Tout à fait, oui. Et parfois nous nous recevons des réponses. Oui, ça arrive. En général, on nous pose deux questions. La première question, c'est : "Est-ce que vous recevez des retours ?" Oui, nous en recevons assez peu. Je dirais que c'est de l'ordre de 3-4 %, vous voyez. Donc très peu de retours et à de très très, très rares exceptions près, peut-être une ou deux exceptions près, des retours très encourageants et très favorables. Ça fait toujours plaisir, bien sûr. On a même reçu parfois des objets. Jacques avait envoyé un poème qui parlait du café. Il a reçu un paquet de café de la part de son destinataire. C'est sympathique. Donc cela crée un contact en général avec les lecteurs qui est un contact agréable. La deuxième question qu'on nous pose parfois, c'est : "Mais vous n'aurez jamais le temps ?" Question à laquelle on répond : "Ben on verra, on verra."

Pierre-Marie:
Bien sûr. Si vous êtes passé déjà de 6 milliards à peut-être un ou 2 milliards par personne, la tâche est déjà beaucoup plus abordable.

Jean-Paul Honoré:
Beaucoup plus légère.

Pierre-Marie:
D'accord. Ok, très bien, merci. J'étais très curieux de ce projet poétique planétaire qui n'est pas en rapport avec le Japon, mais j'avais envie d'entendre parler de cette histoire.

Jean-Paul Honoré:
Le tour du Japon viendra. On prend les pays par ordre alphabétique, donc le J est un peu après le F. Donc dans quelques dans quelques millions de poèmes, le tour du Japon viendra.

Pierre-Marie:
D'accord. Ok, merci beaucoup. Je crois que j'ai plus de question pour vous. Est-ce que peut-être vous voulez terminer avec un message pour les Japonais ici qui apprennent le français ?

Jean-Paul Honoré:
Bien, je commencerais déjà par vous remercier pour cette entrevue extrêmement agréable. Et qui va me donner la possibilité, j'espère, grâce à vous et grâce à la belle librairie en ligne de Chats Pitres, l'occasion d'aller au devant de de lecteurs japonais. J'encourage évidemment les Japonais qui qui apprennent le français à persévérer dans dans leurs efforts. Je suis toujours très fier quand je constate que les Japonais se passionnent pour pour notre langue et viennent en France pour découvrir notre pays. Et je pense qu'il y a des affinités profondes entre les Japonais et les Français, qu'il faut sortir justement des stéréotypes réciproques, apprendre à voir le réel, apprendre à voir tout ce qui nous est commun. Et la langue au fond est une bonne, une bonne introduction à cela. Parce que ce que l'on constate quand on étudie les langues, et là, bon, c'est le linguiste qui parle, c'est que sous des différences au fond relativement superficielles, la mécanique profonde des langues est la même, ce qui montre à quel point les hommes et les femmes à la surface de la planète se ressemblent et peuvent se rencontrer.

Pierre-Marie:
D'accord. Merci beaucoup pour cet ce beau message de fin. Il ne me reste plus qu'à vous remercier et à vous souhaiter une bonne journée.

Jean-Paul Honoré:
Eh bien, je vous remercie à mon tour. Bon courage à tous ceux qui vous écoutent, à tous ceux qui qui vous rencontrent et qui écoutent votre voix et par chance cette fois, la mienne sur votre blog. Un bon été à tous au Japon et puis bonne soirée à vous, Pierre-Marie. Merci beaucoup pour cette interview.

Pierre-Marie:
Merci beaucoup. Au revoir.

Jean-Paul Honoré:
Au revoir.

Pierre-Marie:
Voilà, c'est la fin de cette interview. J'espère qu'elle vous a intéressé. Si vous souhaitez acheter le livre, et bien c'est possible au Japon en passant par, donc, la librairie Les Chats Pitres. Je mettrai aussi un lien sur mon site internet. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui et je vous dis à bientôt また次回.

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NOTES

Photos : Jean-Paul Honoré.