On peut commencer à apprendre une langue étrangère pour de nombreuses raisons différentes. Mais c’est assez rare de débuter à plus de 80 ans, comme Madame Yahata, il faut avoir une motivation et un objectif exceptionnels. C’est ce que j’explique dans ce podcast.
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Bonjour à tous, c'est Pierre-Marie. Vous êtes sur French by Ear – フランス語の聞き取り, mon podcast pour un nouvel épisode de niveau "intermédiaire".
J'espère que vous allez bien. Moi je vais très bien. Et aujourd'hui, je voulais vous parler de motivation. Motivation, pour faire quoi ? Et bien motivation pour apprendre une langue étrangère.
J'ai envie de parler de ça parce que j'ai lu la semaine dernière un article très intéressant et je dirais même assez émouvant sur une femme japonaise de 85 ans qui s'appelle Teruko Yahata. J'espère que j'ai bien prononcé son nom. Et cette dame a la particularité d'avoir commencé à apprendre une langue étrangère, c'est-à-dire l'anglais, alors qu'elle avait déjà plus de 80 ans.
C'est quelque chose de très rare, commencer l'étude d'une langue étrangère, passé 50, 60 ans, 70 ans encore plus. C'est vraiment quelque chose de très rare. Et cette histoire m'a fait un peu réfléchir sur la motivation, les raisons pour lesquelles on apprend une langue étrangère.
Alors la première raison, la plus fréquente à mon avis, pour laquelle on apprend une langue étrangère, eh bien tout simplement, c'est parce qu'on n'a pas le choix ! Quand on est enfant, quand on est à l'école… alors ma génération en France, on commençait à apprendre les langues au collège, mais maintenant les enfants commencent dès l'école primaire à apprendre une langue étrangère en général, bien sûr l'anglais. Donc la première raison, c'est qu'on n'a pas le choix. C'est une obligation.
Ensuite quand on arrive à l'âge adulte. Une autre raison pour commencer l'étude d'une nouvelle langue, c'est souvent par rapport au travail. On a un travail où on doit se rendre à l'étranger ou dans lequel on travaille beaucoup avec l'étranger. Et donc dans ce cas là aussi, c'est important d'apprendre la langue du pays avec lequel on travaille. C'est plus vraiment une obligation comme à l'école, mais c'est quand même une sorte de nécessité.
Ensuite, on n'est plus dans des choix personnels. Ce ne sont plus vraiment des histoires de nécessité ou d'obligation, mais une autre raison pour lesquelles on apprend une langue étrangère très souvent, c'est tout simplement parce qu'on est attiré par un pays et en général, très souvent, ça passe par un intérêt pour la culture de ce pays.
Parmi les gens qui apprennent le français. Il y en a beaucoup qui ont commencé parce qu'ils aiment le cinéma français ou la littérature française, la chanson ou peut-être dans une expression culturelle un peu plus large, on peut aussi penser à la mode ou à la gastronomie.
Personnellement, quand je rencontre un nouvel élève pour la première fois, je pose toujours cette question " Mais pourquoi est-ce que vous avez choisi le français ?". Et je me souviens très bien d'une élève. Je lui demande "Pourquoi est-ce que vous avez commencé à apprendre le français ?" C'était déjà une élève de niveau intermédiaire, mais elle n'a pas fait une phrase entière. Elle m'a simplement répondu en deux mots. Elle m'a dit : "Catherine Deneuve". Et donc c'était typiquement dans ce cas là un appétit culturel pour la France, pour la culture française qui avait été déclenché par Catherine Deneuve. Et il me semble que le film, c'était Les Parapluies de Cherbourg. Donc bien sûr, la culture, c'est une raison importante.
Mais la raison la plus importante et sans doute la meilleure, eh bien tout simplement, c'est l'amour. Depuis, on va dire, allez, 40, 50, 60 ans, le monde s'est vraiment rétréci, a vraiment rapetissé. Il y a de plus en plus d'échanges entre les pays, de relations internationales, de voyages bien sûr. Et donc la conséquence logique, c'est qu'il y a aussi beaucoup de mariages mixtes. Et bien sûr, quand on épouse une personne étrangère, on n'épouse pas seulement cette personne, mais on épouse un véritable "package" qui inclut la famille de cette personne, le pays de cette personne, la culture et bien évidemment la langue. Et c'est donc naturel dans ces cas là, de commencer à apprendre la langue de son conjoint.
Alors ça déborde aussi du simple couple, hein… Dans les élèves avec qui je travaille en ce moment, il y a une dame dont la fille s'est mariée avec un français. Ce jeune couple est allé s'installer à Paris. Ils ont eu un enfant. Et donc l'élève en question s'est mise au français, à l'apprentissage du français très sérieusement, avec comme objectif de pouvoir, d'ici quelques années, parler, communiquer en français avec sa petite fille. Et comme par hasard, c'est une des élèves qui progressent, je trouve, le plus rapidement. Parce que là, on sent vraiment qu'il y a une motivation réelle, très forte pour un objectif familial et personnel donc.
Il y a différentes raisons pour apprendre une langue étrangère. Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons. Il est certain par contre que la motivation est sans doute l'élément le plus important pour pouvoir progresser, pour arriver à un certain niveau de français. Ainsi que la possibilité et surtout la pratique véritablement de la langue, c'est-à-dire parler avec, pour ceux qui étudient le français, parler régulièrement avec des Français. C'est bien sûr aussi un élément-clé.
Donc tout ça, ce sont des bonnes raisons, bien sûr, mais je reviens à madame Teruko Yahata. On peut dire que la raison pour laquelle elle a commencé à apprendre l'anglais est assez exceptionnelle. Cette dame, donc madame Yahata est ce qu'on appelle en japonais une 被爆者, c'est-à-dire une survivante de la bombe atomique, d'une des deux bombes atomiques qui sont tombées sur le Japon, qui ont été lancées par les Américains sur le Japon à la fin de la deuxième guerre mondiale.
Donc ces personnes, ces survivants du bombardement atomique font régulièrement au Japon des conférences, des présentations, notamment dans les écoles et dans les universités. C'est ce qu'on appelle souvent en français un "devoir de mémoire". Le but de ces conférences, de ces présentations, c'est de témoigner auprès des jeunes générations de ces événements tragiques pour, d'une part, ne pas les oublier, ça, c'est une évidence. Et aussi, d'autre part, ne pas les reproduire, bien sûr.
Et donc en général, ces conférences se passent au Japon devant un public japonais. Mais donc, madame Yahata, depuis quelques années, a commencé à faire des présentations à l'étranger, ou alors de temps en temps au Japon, mais devant un public étranger, notamment des touristes qui viennent visiter Hiroshima. Et donc pendant plusieurs années, elle a fait ses conférences avec un traducteur, c'est-à-dire qu'elle faisait sa présentation en japonais. Et bien sûr, il y avait un traducteur qui traduisait en anglais ce qu'elle disait.
Mais, et elle explique cela dans cet article de Japan Today que je mettrai en lien sur mon site internet. Elle explique que quelque part, ce n'était pas pour elle une communication satisfaisante. Elle était en quelque sorte frustrée de devoir passer par un interprète. Et donc à plus de 80 ans, elle a décidé de commencer à apprendre l'anglais pour être capable de transmettre son expérience, de transmettre son témoignage en utilisant non seulement ses propres mots, mais aussi sa propre voix.
Et donc aujourd'hui, quelques années après, elle réussit à faire ses conférences, ses présentations en anglais. Alors l'article explique qu'elle n'est pas véritablement capable de faire un dialogue en anglais, ou en tout cas de répondre à des questions précises. Mais elle a travaillé avec son professeur sur son texte et elle est capable de faire toute sa présentation en anglais.
Et c'est un point que j'ai trouvé particulièrement intéressant. Bien sûr, on peut toujours passer par un traducteur. En tout cas aujourd'hui on passe par un traducteur. Peut-être que demain ou après-demain, on va passer par des logiciels, par de l'intelligence artificielle. Dans les deux cas, ce sont des systèmes qui marchent très bien. Le traducteur, l'intelligence artificielle, on peut très facilement et très correctement transmettre le sens des mots. Ce n'est pas un problème particulier. Mais si, comme madame Yahata, on veut faire passer plus que le sens des mots, on veut faire passer de l'émotion, un message direct avec une connexion directe entre deux personnes, eh bien, la meilleure façon de faire ça, ça reste de communiquer dans la même langue avec encore une fois ses propres mots et sa propre voix.
Et donc bien sûr, dans le futur, l'apprentissage des langues va être complètement bouleversé par les nouvelles technologies, encore plus qu'aujourd'hui. Mais je pense quand même que cet élément, c'est-à-dire la connexion directe qui manquait beaucoup à madame Yahata quand elle devait passer par un traducteur, ce besoin de connexion directe va rester heureusement. et heureusement pour les professeurs et pour les écoles de langue un peu partout dans le monde. Cet aspect là va rester, et va rester important pour de nombreuses personnes. En tout cas, je l'espère sincèrement.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. C'était un sujet un peu plus sérieux peut-être que d'habitude, mais j'espère que ça vous a intéressés.
Retrouvez la transcription de ce podcast sur mon site internet frenchbyear.com. Et comme d'habitude, je vous dis à bientôt, また次回.
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NOTES
L’article de Japan Today (en anglais) se trouve ici.
Photo Brett Jordan – Unsplash
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